BERTHEROY (Jean). Le Rachat .
300,00 €Prix
Tours, Maison Alfred Mame et fils, [1901], gr. in-8, percaline amande. Au premier plat, polychrome, dans un encadrement étoilé, un cartouche de feuillages (en haut) et un autre de fleurs (en bas), où s'insèrent deux vignettes superposées, en haut Prosper Martineau sculptant un dossier de chaise Louis XV (p. 241), au milieu, statue de la Madone qu'il sera un jour capable de faire (texte p. 240). Au second plat, encadrement décoratifs noirs, au dos fers décoratifs en long (motifs utilisés au dos des livres de Casgrain, Guerlin, Ponsonailhe), tr. dorées (Paul Souze, graveur), 282-(2) pp. ¦Édition originale illustrée de 30 dessins par Alfred Paris, gravés par V. Dutertre, dont un frontispice et 4 à pleine page. Collection 2e série in-4°.« Le Rachat est l'histoire d'un repris de justice, Prosper Martineau, rencontré par hasard au moment où il vient de purger sa condamnation à la maison centrale. Le docteur Just Legrant s'intéresse à lui, et par philanthropie fait tous ses efforts pour adoucir ses mauvais instincts et le réhabiliter tant à ses propres yeux qu'à ceux de la société. Il lui cherche du travail. Martineau est menuisier de son état ; on lui propose de refaire les stalles de l'église. Mais travailler chez un curé, jamais le misérable n'y consentira. Un accident le ramène auprès du docteur. Celui-ci le soigne, le guérit et le place chez un manufacturier. Aidé de sa fille Marcelle, charmante enfant qui convertit à cette œuvre charitable Philippe, son fiancé, il fait plus. Il instruit l'ouvrier, met a sa disposition sa bibliothèque, inaugure pour lui et ses camarades des conférences où il leur fait part de tout ce qu'il sait. Mais le malheureux, loin de se montrer reconnaissant, bouleverse par son mauvais esprit l'atelier, modèle jusque là, où il a reçu abri ; essaie même, par haine du bourgeois, de faire sauter la maison de son bienfaiteur. Celui-ci ne se décourage pas. Martineau est chassé de l'atelier ; le docteur lui prête des fonds et l'établit. Le nouveau patron, aussi dur pour ses ouvriers qu'il était insoumis envers ses maîtres, prospère d'abord, puis aventure ses capitaux, se ruine et se jette à l'eau pour se noyer. On le repêche. Marcelle entreprend alors, par charité et avec l'aide de la foi, l'œuvre à laquelle la philanthropie vient d'échouer. Elle réussit pleinement. Martineau se convertit, se marie et devient un chrétien exemplaire. C'est un joli roman, très moral et très attachant » (Maurice d'Augier, Études, volume 89, 1901, p. 842-43).Roman dapprentissage et déducation, Le Rachat montre la philanthropie en action. En dépit des prévenances quon a pour lui, Martineau se rebelle jusquau bout. Sa rédemption viendra dune tardive vocation artistique de sculpteur. Indice de modernité notoire, le récit décrit un accident dautomobile, celle-ci fauchant un piéton (notre laissé-pour-compte) par excès de vitesse (p. 68-69, ill. p. 71). Parue en 1901, cest sans doute des premières représentations illustrées romanesques dune telle scène. Lunivers du syndicalisme et du travail est également abordé (p. 138) dans ce texte à tendance sociale. Plusieurs plats historiés abordent cette thématique comme LEnfant de la mine dAugusta Latouche (1910, PH 4/72) ou Le Roman de louvrière de Charles de Vitis (1908, PH 14/268). Ils sont souvent écrits par des femmes ou les concernent, comme le second cité.Quelque peu oubliée aujourdhui, Jean Bertheroy (pseudonyme qui cache en effet une femme auteur, 1858-1927) sest fait connaître au tournant du siècle. Voici une notice biographique qui la présente, extraite dune étude de deux professeurs américains, publiée dans le magazine de littérature internationale Transatlantic Tales (New York, 1907) : « Berthe Jeanne Le Barillier est née à Bordeaux en 1858. Elle étudie beaucoup les classiques et en donne la preuve dans ses œuvres qui, sans pour autant être noyées dans des allusions indigestes, présentent lantiquité avec une grande exactitude. Elle fut d'abord connue du monde littéraire par un livre de vers, Les Vibrations, qu'elle publia en 1887 sous le nom de Jean Bertheroy. Trois ans plus tard, l'Académie française a couronné un deuxième livre de vers intitulé Les Femmes antiques.« Les romans de Jean Bertheroy se classent en deux catégories : les romans modernes comme Le Roman dune âme, Double Joug, Sur la Pente, Le Mirage et Le Rachat ; et les romans de lantiquité, tels Cléopâtre, La Danseuse de Pompéi, Les Vierges de Syracuse et La Beauté dAlcias. Les romans de lantiquité ont été lancés par la Thaïs dAnatole France et lAphrodite de Pierre Louÿs, qui furent imités par beaucoup de productions médiocres. Jean Bertheroy est cependant excellente et la meilleure d'entre elles est probablement La Danseuse de Pompéi. » ("Contemporary European Literature. French" par le Dr. Louis Delamarre, College of the City of New York, et le Dr. John Glanville Gill, Columbia University, 1907, volume 37, p. 375).Élève d'Édouard Detaille (1848-1912), le peintre, dessinateur, illustrateur et lithographe Alfred Jean-Marie Paris (1846-1908) a travaillé notamment pour les collections dHachette : Le Rubis de Lapérouse de G. de Beauregard (1902), Les Évasions célèbres (1902), Les Grands naufrages dHenri de Noussanne (1903, PH 34-647), Aventures et mésaventures de Joel Kerbabu dEugène Mouton (1907), Au pays du mystère de Pierre Maël (1909), L'Or du Pôle de Danielle d'Arthez (1910), etc., et celles de Mame : Les Libres Burghers de G. Saint-Yves (1901, PH 28-538), La Religieuse errante dErnest Daudet (1903), La Terre qui meurt de René Bazin (1904), L'Œil-de-tigre de Georges Pradel (1905), Petit ange de Pierre Maël (1907), etc. De cet artiste voyageur, on a publié en 1959 un album de 12 aquarelles inédites Recuerdos de la pampa (Buenos Aires, Libreria L'Amateur, 1959), ayant trait à la vie des gauchos et à la Pampa, avec une préface de Miguel D. Etchebarne.Le magnifique plat historié du livre de Jean Bertheroy est de style Art nouveau. Il nest pas signé de L. Trumeau, lartiste responsable de ce type de plat chez Mame, mais peut lui être attribué.Bel exemplaire.
SKU : 9501486