DROCHON (Jean-Emmanuel B . ). Histoire illustrée des pèlerinages français
1 500,00 €Prix
de la très sainte Vierge. Paris, Librairie Plon, E. Plon, Nourrit et Cie, 1890, gr. in-8 (28,5 x 21,5 cm), percaline bleue, bords biseautés. Au premier plat, noir, or et argent, à la cathédrale, d'un côté statue de la Vierge à l'enfant au palladium sur un piédestal (p. XII), de l'autre chapeau de pèlerin, canne, coquille Saint-Jacques, gourde, sur un fond de fleurs-de-lys en quinconce, frise de feuilles de chêne en haut, têtes d'ange dans les angles inférieurs. Au second plat, encadrement géométrique noir et marque dorée de l'éditeur, au dos, large écusson au palladium portant le titre doré ombré de noir, lettres gothiques S au palladium (Sainte) et M doré (Marie) sur pièce noire, devant une branche de chêne sur fond de fleurs-de-lys, frise de chêne en h aut, branche en bas, tr. dorées (A. Souze, graveur), (4)-XII-1272 pp., index.¦Édition originale illustrée de 450 dessins inédits par Hubert Clerget, dont 10 planches en couleurs, avec vingt cartes hors-texte des pèlerinages. Publié sous le patronage d es RR. PP. Augustins de l'Assomption. Ce livre est une véritable encyclopédie de la France catholique, région par région, diocèse par diocèse. "Notre but, dit l'auteur, a été de grouper sous un coup d'oeil les sanctuaires élevés dans notre chère France e n l'honneur de Celle qui en est incontestablement la Reine ; de résumer les travaux qui ont raconté les origines, les miracles, les décadences, les merveilleuses restaurations de tous les lieux de pèlerinage. Notre joie a été de contempler Marie régnant su r les grande cités comme sur les plus modeste villages, de la voir couronnant les sommets des montagnes et embaumant nos vallées, de la suivre enfin à l'odeur de ses parfums et à la trace de ses bienfaits." Très documenté, le livre du P. Drochon (1838-190 0) témoigne du renouveau assomptionniste à la fin du XIXe siècle. Les pères sont d'une activité inlassable, initiateurs de pèlerinages dans toutes les directions et notamment en Terre Sainte (ce qui donne, en plat historié : Jérusalem par Mme de Belloc, Palmé, 1887), créateurs de journaux (La Croix), de magazines (Le Pèlerin) et éditeurs (Maison de la Bonne Presse, 5 rue Bayard, Catéchisme en images, 1908). Cet exemplaire devrait servir de référence pour juger du degré de luxe auquel un plat histor ié peut prétendre. Aucun superlatif ne saurait épuiser la richesse de sa facture : est-il simplement somptueux ? Superbe ? Dans un état exceptionnel ? Sublime de fraîcheur intacte ? Tout cela à la fois et plus encore. Cet exemplaire est comme neuf : il n'a , probablement, jamais été ouvert, car de nombreuses pages de cet énorme in-quarto (6 cm d'épaisseur), surtout vers la fin, sont encore collées par la dorure qu'elles ont reçue, il y a cent-vingt-cinq ans. Comment expliquer un état aussi admirable ? Soit l e volume est trop épais ou trop lourd pour être lu d'une couverture à l'autre, ou plus exactement, le lecteur n'a feuilleté que les passages qui pouvaient l'intéresser, tel pèlerinage, telle région, ou mieux : on n'ose pas ouvrir un livre aussi splendide, on préfère le regarder avec vénération, le conserver intact, dans sa magnificence première et lui conserver sa force de témoignage de l'art supérieur du plat historié. Résultat : la gouttière du livre est un lingot immaculé qui brille de mille feux. Quell es qu'en soient les raisons, nous devons observer que les livres religieux sont souvent d'une présentation particulièrement luxueuse, comme si les artisans mettaient tout leur savoir-faire, toute leur foi, dans leur réalisation et en faisaient un idéal art istique à dépasser sans cesse : que l'on se reporte à la Vie de Saint Joseph par L.-D. Champeau (Palmé, 1883, PH 5/87), qui associe à profusion l'or sur une percaline noire, ou au prodigieux in-folio Saint François d'Assise chez le même éditeur (Plon, 1885, PH 15/298). Il est certain que, ici encore, Souze a mis le meilleur de lui-même dans la composition du plat historié. Le contraste entre l'or et le palladium, sur une percaline bleu marine (couleur de la Vierge) produit un effet d'une harmonie extrao rdinaire. Mais il y a également une simplicité dans la composition, par-delà le luxe affiché : le contraste entre la statue et le modeste équipement du pèlerin en est la preuve. De fait, l'année 1890 est celle où ce mélange d'or et d'argent commence à êtr e utilisé sur les plats historiés. Nous avons déjà vu plusieurs exemples de cette technique, qui sera illustrée par A. Souze fils jusqu'en 1896, notamment pour plusieurs titres d'histoire religieuse chez Mame : Christophe Colomb par Antoine Ricard (1891, PH 23/451), Les Chevaliers de Rhodes par P.-A. Farochon (1893, PH 28/530), Jeanne d'Arc par Marius Sepet (1894, PH 13/254), Rome et ses pontifes par Mgr C. Chevalier (1896, PH 13/256). Partout, le luxe ostentatoire, la profusion de dorures, la riche sse des compositions sont au service du sujet, nous rappelant que l'art et la religion se sont, depuis des siècles, nourris l'un de l'autre. Le contenu ne le cède en rien au contenant : les livres à thèmes religieux, les biographies de saints sont l'occas ion de publier des hors-texte en chromolithographie du plus grand luxe, à la pointe des techniques d'impression de la couleur, où des éditeurs comme Dumoulin, Mame et Victor Palmé rivalisent de splendeur. On citera, notamment, la série des biographies publ iées par Mame : Sainte Élisabeth de Hongrie par C. de Montalembert (1878, PH 11/226), Saint Martin par Lecoy de la Marche (1881, PH 1/15), Le Bienheureux Jean-Baptiste de La Salle par A. Ravelet (1888, PH 23/450), Saint-Pierre de Rome par le Père D .-A. Mortier (1900, PH 14/261). Chez Dumoulin, citons le livre d'Arthur Loth, Saint Vincent de Paul et sa mission sociale (1880, PH 7/141). Chez Palmé, rappelons-nous les livres d'Henri Lasserre, Les Saints Évangiles (1888, PH 9/186) et Notre-Dame de Lourdes (1891, PH 2/39). Comblera l'amateur de plats historiés le plus exigeant.
SKU : 9501170