GODEFROY (Frédéric). La Mission de Jeanne d'Arc .
500,00 €Prix
Paris, Librairie centrale de Philippe Reichel, 1878, gr. in-8 (27 x 19 cm), demi-chagrin rouge, plats de percaline chagrinée. Premier plat orné d'une composition décorative formée d'un treillage doré dans un encadrement de motifs géométriques à la fleur de lys, avec au centre une réserve alvéolée contenant en haut un angelot présentant un ruban portant la formule de Jeanne "Je suis l'envoyée de Dieu" passé sur le blason bleu de Jeanne (une épée tenant une couronne en pointe flanquée de deux fleurs de lys). Second plat d e même structure mais avec une réserve centrale d'une forme différente renfermant un blason bleu aux initiales JD sur une épée, dos orné de caissons aux petits fers contenant quatre vignettes dorées (variations angéliques et guerrières, soldats, tirées de différentes têtes de chapitre), avec en pied les noms de "Delhomme et Briguet, éditeurs, Paris & Lyon", distinct de l'éditeur figurant en page de titre, gardes décorées en noir et or, tr. dorées (H. Robyn, graveur), (4)-XII-389-(3) pp. ¦Édition originale illustrée d'un portrait inédit de la pucelle en chromolithographie tiré d'un manuscrit du XVe siècle, de quatorze encadrements sur teinte, de frises, ornements et culs-de-lampe de la même époque et de quatorze compositions originales imprimées en camaïe u de Claudius CIAPPORI-PUCHE. "Le Livre d'Or français". En 2012, la République française a célébré de la façon la plus officielle le sixième centenaire de la naissance de Jeanne d'Arc, le 6 janvier 1412, à Domrémy, en la fête de l'Épiphanie, et brûlée vi ve à Rouen en 1431. On ne saurait imaginer personnage plus emblématique de l'Histoire de France. Objet de débats historiques dès le XVe siècle (dès 1450, procès de réhabilitation, prononcée en 1456), sa renommée grandit de façon extraordinaire au cours du XIXe siècle, après la publication, par Jules Quicherat (entre 1841 et 1849), des actes des deux procès de 1431 et de 1456. Elle est également réhabilitée comme héroïne du peuple républicain par Michelet au XIXe siècle, tandis que les nationalistes et les catholiques s'emparent du symbole qu'elle représente. A la fin du XIXe siècle se pose la question de sa béatification (qui a lieu en 1909) puis de sa canonisation (décrétée en 1920). A cette date, la fête de Jeanne d'Arc devient officielle en France, et es t fixée au dimanche suivant le 8 mai. Depuis la guerre de 1870, la France se cherchait des repères dans son passé, ce qui explique le nombre de publications de biographies de grands hommes, en particulier dans des ouvrages de luxe à plat historié (Jeanne d'Arc fait l'objet de livres par Henri Wallon, 1877, PH 5/104 ; Marius Sepet, 1885, PH 16/321 et 1894, PH 13/254, deux plats historiés), jusqu'aux collections de biographies pour enfants (cf. la Collections des albums historiques de Boivin où paraît le Jeanne d'Arc de Funck-Brentano, 1912, cf. PH 10/199). Le livre de F. Godefroy s'insère dans ce vaste mouvement de publications qu'a répertorié Lanéry d'Arc (Bibliographie raisonnée et analytique des ouvrages relatifs à Jeanne d'Arc, 1894). Ce qui est plus curieux, de notre point de vue, est la personnalité de cet auteur, qui n'était pas du tout historien. Philologue, journaliste et enseignant, Frédéric Godefroy (1826-1897) est bien oublié aujourd'hui, excepté pour un ouvrage monumental qui a traversé l e temps : son Dictionnaire de l'ancienne langue française et de tous ses dialectes, du IXe au XVe siècle (1881-1902, 10 vol. ; réédité en 1937-38 ; en 1961 par Kraus reprint ; en 1982 par Slatkine, microfiché en 1973 par les Archives de la linguistique f rançaise ; mis en CD-ROm en 2002 et aujourd'hui numérisé !). L'importance de ce livre est telle que Godefroy a fait l'objet d'un colloque à Metz en 2002 (publié en 2003 par l'École des chartes). Or, son ouvrage a été systématiquement méprisé par les phil ologues de son temps. Il est instructif de reproduire un extrait de la préface aux actes de ce colloque, où Frédéric Duval évoque un article où Françoise Vieillard "rappelle le point de vue de la critique contemporaine, principalement de la poignée de sava nts qui contrôlaient les institutions philologiques. Ils virent d'un mauvais oeil ce lexicographe venu de nulle part qui leur damait le pion en réalisant le dictionnaire que tous réclamaient, mais qu'aucun n'avait eu le courage d'entreprendre à long terme. Autodidacte en marge de la nouvelle école philologique, Godefroy admirait pourtant les travaux de Gaston Paris et de Paul Meyer et s'est toujours montré d'une profonde humilité à leur égard. Cette attitude ne lui valut que mépris. (...) Ce n'est pas sans émotion qu'on imagine cet homme, entièrement consacré à l'étude, rabroué par un Gaston Paris qui le considérait comme un vulgaire amateur. Le temps, pourtant, a rendu sa sentence : le dictionnaire de Godefroy continue à être utilisé et nous ne sommes toujours pas parvenus, malgré les données accumulées et nos formidables moyens modernes, à le remplacer. Le "Godefroy" est et restera pendant longtemps le dictionnaire de l'ancienne langue." Les livres à plat historié mènent à toutes sortes de découvertes inattendues ! Lanéry d'Arc, 219. Rousseurs. Reliure parfaite.
SKU : 9500616