LE BON (Gustave). Les Civilisations de l'Inde .
700,00 €Prix
Paris, Firmin-Didot, 1887, gr. in-8 (29 x 21 cm), demi-chagrin rouge, plats de percaline chagrinée. Au premier plat, noir et or, détail d'un pilier de la grande pagode de Vellore du XIVe siècle (fig. 189, p. 457), frise de rosettes en encadrement et titre en lettres fantaisie. Au second plat, encadrement similaire, au dos, motifs décoratifs à l'or (feuilles d'acanthe au centre, rosettes en haut et en bas), tr. dorées (A. Souze, graveur), gardes noir et or, au chiffre de l'éditeur, (8)-VII-(1)-743-(1) pp. ¦Édition originale illustrée de 7 planches hors-texte en chromolithographie, 2 cartes et 350 gravures et héliogravures in-texte, d'après les photographies, aquarelles et documents de l'auteur.Avant dêtre lauteur mondialement connu de La Psychologie des foules (1895), Gustave Le Bon (1841-1931) a étudié les civilisations en anthropologue, à la suite de voyages et de missions au Proche-Orient, en Inde, au Népal. Sa série sur lhistoire des civilisations débute par La Civilisation des Arabes (Firmin-Didot, 1884, PH 5/97), se poursuit avec Les Civilisations de lInde et se termine avec Les Premières civilisations (Marpon et Flammarion, 1889, PH 20/384), tous trois en plat historié. En 1893, il revient sur le sujet avec Les Monuments de lInde.« Certes, sil est une région du globe dont le passé exerce sur la curiosité des savants, des voyageurs, des artistes et des poètes un charme fascinateur, c'est bien l'Inde, ce pays mystérieux et féerique où ont été vraiment vécus les contes des mille et une nuits, et où la hardiesse des doctrines philosophiques, comme la perfection des monuments, semble attester l'existence d'une civilisation dont les peuples occidentaux seraient encore bien éloignés. Mais en l'absence presque complète de documents historiques écrits, c'était une entreprise particulièrement difficile que de tenter de faire revivre ce passé. C'était aussi une tâche ardue que de vouloir retrouver les origines d'une population qui est une véritable mosaïque de races, grâce au régime particulier des castes, qui a singulièrement compliqué les résultats du mélange des Hindous avec leurs envahisseurs successifs (…). Cest dans larchitecture de lInde que lauteur a cherché à déchiffrer l'histoire des civilisations, et, au moyen d'un nombre considérable de documents photographiés, il nous montre, en effet, qu'on peut y lire toutes les transformations de sa religion, jusqu'ici si mal connue, aussi bien que les influences exercées à diverses époques par ses envahisseurs. Cependant cette étude historique de l'architecture hindoue n'était pas elle-même sans difficulté, car certaines périodes sont dépourvues de monuments, au point que des types d'une importance très grande sont parfois presque uniques. C'est qu'en effet, les monuments merveilleux, en pierre ou eu marbre sculpté, parfois même taillés en entier dans un seul bloc, qu'on peut encore admirer de nos jours, ne datent guère que de trois siècles, époque avant laquelle tous les édifices, d'une architecture cependant non moins remarquable, étaient construits en briques et en bois, matériaux que le temps n'a pas respectés. » (La Revue scientifique, 1887).« Parmi les ouvrages les plus assidûment consultés et copiés par Gustave Moreau figurent Les Civilisations de l'Inde de Gustave Le Bon, que le peintre avait sans doute acquis peu de temps après sa parution en 1887. Les quelque 350 gravures et héliogravures qui l'illustrent constituèrent, pour l'artiste féru de documentation iconographique, une mine fructueuse de motifs architecturaux et décoratifs, où il puisa à l'envi lorsqu'il entreprit d'évoquer les édifices composites et imaginaires destinés à suggérer une Inde qu'il ne concevait qu'intemporelle. Ces fragments disparates et mêlés d'architecture indienne, dont l'association et la combinaison révèlent la démarche éclectique et syncrétique du peintre - lequel procédait par additions et juxtapositions d'éléments parfois hétéroclites pour mieux atteindre au symbole - aboutirent à la création d'un décor fantastique et quasi théâtral, empreint néanmoins d'un pouvoir indéniablement évocateur. » (Amina Okada, « Le Triomphe dAlexandre le Grand ou l'Inde visionnaire de Gustave Moreau », Les Relations entre la France et l'Inde de 1673 à nos jours, dir. Jacques Weber, 2002).Conservateur au musée national des Arts asiatiques-Guimet, Amina Okada a publié plusieurs articles sur le sujet : « La Redécouverte de lInde par la France au XIXe siècle : lexemple de Gustave Moreau », dans L'Inde de Gustave Moreau: Musée Cernuschi, Paris, 15 février-17 mai 1997 et « Gustave Moreau et lInde, les sources iconographiques de lartiste » (dans Regards et discours européens sur le Japon et l'Inde au XIXe siècle, dir. Bernadette Lemoine, 2000).Pour composer son plat historié, Auguste Souze a choisi un motif frappant le regard par son exubérance décorative, représentant parfaitement le style de la décoration hindoue, et la intégré à larchitecture habituelle de la couverture des livres de Firmin-Didot. Le résultat forme un contraste harmonieux et dynamique, fondé sur une opposition stylistique, où le motif exotique déborde par surimpression du cadre classique.Sur Gustave Le Bon, voir Benoît Marpeau, Gustave Le Bon : parcours d'un intellectuel 1841-1931 (2000)Bel exemplaire.
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