LEPIC (Ludovic) . La Dernière Égypte .
750,00 €Prix
Paris, G. Charpentier et Cie, éditeurs, 1884, gr. in-8 (28 x 20 cm), percaline rouge. Au premier plat, noir et or, le Sphinx et la Pyramide de Guizèh (ill. p. 59). Au second plat, vignette circulaire noire (personnage accroupi sur un tapis), au dos, noir et or, épis de blé (en haut) et plante à fleurs (en bas), tr. dorées (A. Souze, graveur, Engel, relieur), (12)-315-(1) pp. ¦Édition originale illustrée de 123 dessins par l'auteur, dont 40 à pleine page, et d'un portrait-frontispice de l'auteur par Édouard Detaille.Ludovic Lepic (Paris, 1839-Andrésy, 1889), peintre officiel de la Marine en 1883, graveur et sculpteur français, fut le fondateur du musée municipal d'Aix-les-Bains. Par sa description des lieux et sa valeur de témoignage, antérieures au bombardement d'Alexandrie par les Anglais (11 juillet 1882), son ouvrage fait référence en égyptologie.Il est exposé aux devantures fin 1883, pour les étrennes 1884, et décrit en ces termes : « Grande exposition de beaux livres, dorés, illustrés, splendides, en vue du jour de l'an qui est proche. Faisons un tour dans la grande salle d'honneur et arrêtons-nous un moment devant ceux qui ont les honneurs de la cimaise. Voici d'abord la Dernière Égypte, texte et dessins par Ludovic Lepic, l'éminent artiste dont tout le monde a remarqué les aquarelles et les toiles exposées, cette année même, dans les galeries de l'Union des arts décoratifs. Par la « dernière Égypte », M. Lepic entend l'Égypte telle qu'elle était avant le bombardement d'Alexandrie, alors que l'Égypte appartenait encore aux Égyptiens. Il la décrit en artiste, sans afficher les moindres prétentions scientifiques, d'après ses souvenirs et ses notes de voyage. Le coté pittoresque des choses a surtout frappé son imagination et il laisse à d'autres les aperçus ou politiques, ou philosophiques, ou humanitaires. C'est un hardi compagnon, aimant les aventures, bravant le danger, ne plaignant pas sa fatigue. Très pratique, il sait se tirer des mauvais pas et se rit des obstacles que lui présentent soit la résistance des choses, soit la mauvaise volonté des hommes. Des choses il vient à bout à force d'énergie ; des hommes avec le bâton. D'un Arabe bien rossé il tire tout ce qu'il veut. Le domestique qu'il a engagé pour la durée du voyage raconte au retour que jamais il n'a été si battu, mais que jamais il n'a été plus heureux. Un fier homme, son maître, et qui le nourrissait, il faut voir ! En somme, si M. Lepic a rapporté de l'Égypte quelque souvenir affectueux et sympathique, c'est pour le chameau et surtout le dromadaire. Elle est fort amusante, cette relation sincère, écrite à la militaire, d'une allure très décidée, et menée, comme les Arabes, tambour battant. Le crayon court comme la plume, à toute bride, avec un admirable entrain, et ne semble pas avoir été moins sincère. » (Revue bleue politique et littéraire, 1883, p. 792).« M. Ludovic Lepic, peintre du département de la Marine, réunit sous le titre : La Dernière Egypte, les notes prises au cours d'un long voyage sur les bords du Nil et du désert mystérieux. Ce volume, édité avec luxe par Charpentier, ne doit pas être considéré comme une étude approfondie et savante de l'Égypte. Du reste, l'auteur nous prévient, dès le début qu'il n'a aucune prétention littéraire ni scientifique. Ceci établi, nous n'avons aucune hésitation à dire que le côté anecdotique est fort bien traité, et que les aventures du voyage y sont racontées avec verve. Les personnages le plus souvent mis en scène par M. Lepic sont : le bâton, qui joue un grand rôle dans les rapports du voyageur et des fellahs ; les almées, sur lesquelles nous n'insisterons pas, de peur d'être entraîné un peu loin ; et les momies qu'on retrouve à chaque pas et dans chaque monument de la vieille Égypte. Une des excursions les plus intéressantes est celle que l'auteur a faite à la caverne des crocodiles. Qu'on se représente une vaste caverne à laquelle on ne peut arriver qu'après avoir rampé pendant une heure, et dans laquelle sont empilées des quantités innombrables de momies de crocodiles de toutes tailles, depuis la grandeur de la main jusqu'à 7 et 9 mètres. A côté de cette armée de crocodiles, une armée de momies humaines qui présentent ce fait curieux que, lorsqu'on les déshabille de leurs bandelettes, on les trouve dorées de la tête aux pieds. » (Revue scientifique, 1884).Michèle Malembits, historienne de lart, résume sa vie en une courte notice : « Ludovic-Napoléon Lepic (1839-1889), peintre, graveur, sculpteur, est fils et petit-fils de généraux. Il étudie avec Cabanel, Wappers et Verlat puis avec Gleyre. Très lié, par l'intermédiaire de sa cousine Mme Jeanteaud, avec Degas et ses frères avec lesquels il monte à cheval, Lepic apparaît déjà dans l'une des œuvres de cet artiste datant de 1862 (Courses de gentlemen). Degas persuade son ami de se joindre à la première exposition du groupe impressionniste. Lepic, qui travaille parfois en mer sur un bateau (il sera d'ailleurs « peintre de la marine »), y envoie L'arrivée de la marée à Cayeux, La pêche, golfe de Naples, Le départ pour la pêche aux harengs, L'escalier du château d'Aix en Savoie, César, Jupiter. L'artiste est également présent à la deuxième exposition, en 1876 chez Durand-Ruel, avec trente-six numéros (huiles, aquarelles et eaux-fortes) représentant des paysages de Hollande, de Berck, de Cayeux, du Tréport et de Naples. La même année, il rédige la lettre préface d'un usuel technique, Comment je devins graveur à l'eau-forte. Lorsque le groupe impressionniste décide d'imposer à ses membres l'interdiction de se présenter au Salon, Lepic cesse d'exposer avec lui. Lorsqu'en 1879 la Galerie de La Vie Moderne, lancée par l'éditeur Charpentier, organise des expositions, elle en consacre une à Lepic (trente-cinq numéros). Quatre ans plus tard, l'artiste montre, au musée des Arts décoratifs, deux cent cinquante aquarelles et quelques toiles relatant ses impressions de voyages en Egypte et à Pompéi où il a participé aux fouilles archéologiques qui passionnent son esprit curieux de tout. « Ses tableaux dont la technique fougueuse a longtemps effrayé le Salon hésitent entre le réalisme et l'impressionnisme pour décrire les Oyats, La houle, Décembre sur la plage de Berck, La vague, ou des natures mortes de poissons qui sont peut-être, avec ses gravures, le meilleur de l'œuvre de cet artiste consciencieux qui a fondé en 1872 le musée d'Aix-les-Bains dont il fut le premier conservateur. » (S. Monneret, L'Impressionnisme et son époque. Paris. Denoël, 1978-1979, t. 1, p. 441). Pour des approfondissements, voir T. Zimmer, Ludovic-Napoléon Lepic (1839-1889), Catalogue raisonné de l'œuvre et biographie, thèse de doctorat d'art et archéologie, Université Paris IV-Sorbonne. 1996. (Michèle Malembits, « Alexandre Bida, un Orient en noir et blanc », Histoire de l'art: bulletin d'information de l'Institut national d'histoire de l'art, n° 51 (nov. 2002), p. 101-113).Spécialiste de lartiste à qui il a consacré une thèse, Thierry Zimmer a publié « Ludovic Napoléon Lepic, Peintre, archéologue et collectionneur (1839-1889) », Dossiers archéologiques et culturels du Nord et du Pas de Calais 32, Berck, 1992. p. 30-35, et plus récemment un catalogue dexposition, Ludovic-Napoléon Lepic, 1839-1889 : "Le Patron" (Musée de France d'Opale-Sud, Berk-sur-Mer, 2013).On lira le témoignage dAlberty, « Le comte Lepic, 1839-1889, peintre de la Marine » (L'Art et la Mer, n° 3, 15 octobre 1974) et « Rencontre avec le comte Lepic », texte de 1883 (L'Art et la mer, n° 4, 15 février 1975).Lepic est mentionné dans Hassan El Nouty, Le Proche-Orient dans la littérature française, de Nerval à Barrès (1958), Hélène Braeuener, Les Peintres de la baie de la Somme : autour de l'impressionnisme (2001), Thierry Cazaux, La Cité Malesherbes (2001), Friedrich Wolfzettel et Frank Estelmann, L'Égypte après bien d'autres : répertoire des récits de voyage de langue française en Égypte, 1794-1914 (2002).Très bel exemplaire, peu commun.
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