LIEGEARD (Stéphen) . La Côte d'azur .
500,00 €Prix
Paris, Maison Quantin, [1887], in-4 (34 x 26 cm), percaline crème, bords biseautés. Au premier plat, polychrome (vert, gris, bleu, noir et or), branches d'oranger et d'olivier (ill. page de titre et p. 1), et silhouette de montagne se reflétant dans la mer. Au second plat , logo noir de l'éditeur (MQ) dans un encadrement de filets et bandes grises et bleu, au dos branche d'olivier, tr. dorées (Paul Souze, graveur, A. Lenègre, relieur), (4)-430-(2) pp. (DH27) ¦Édition originale illustrée de gravures par E. BOUDIER, G. BOURGAIN, H. DANGER, G. FRAIPONT, H. NESTEL, Paride WEBER, etc., avec la préface de la première édition, dédiée à Xavier Marmier, de l'Académie française. De la Côte-d'Or à la Côte d'Azur, tel pourrait être, en résumé, le parcours du poète Stéphen Liégeard (1830-1925), né à Dijon et inventeur du nom de Côte d'Azur ! "Il y a des ciels rouges comme dans les nuits lorraines, des ciels noirs, gris, roses ou bleus. Des ciels bleus ! Quel Français ne songe aussitôt à la Côte d'Azur ?" s'exclame Paul Noël dans Thionville, cité méconnue (1958). "Savez-vous que ce nom charmant a été créé par Stéphen Liégeard, dernier député de Thionville avant 1870, où il avait été réélu en 1869 à l'unanimité des 27.000 suffrages ? La Côte d'Azur fut le titre de son ouvrage sur la Riviera française, couronné par l'Académie française. Liégeard, auparavant sous-préfet de Briey, occupa après l'annexion le même poste à Parthenay et à Carpentras. On m'a également rapporté de divers côtés que, poète à ses heures et auteur de plusieurs recueils, il connaissait Alphonse Daudet et lui aurait inspiré son aimable Sous-préfet aux champs. Thionville se devait d'honorer Stéphen Liégeard en donnant son nom à l'une de ses rues", conclut-il. Liégeard s'écrit : "N'est-ce pas lui [le grand public] qui, adoptant notre titre et le faisant sien, l'a donné en baptême aux rives enchantées dont il demeure ainsi le parrain ? Au souffle de sa volonté souveraine se sont fondues, comme neige au soleil d'avril, les dénominations inexactes ou surannées de Littoral Méditerranéen, Corniche, Rivière, Plages liguriennes... et sur la place restée vide s'est installé, par droit de conquête ce vocable imagé et rapide, plus vrai encore que poétique : La Côte d'Azur". Cependant, la nouvelle dénomination de cette partie du littoral méditerranéen, accueillant les villégiatures d'hiver, ne se fit pas accepter d'emblée, quoiqu'en dise l'auteur. Par exemple, le dessinateur Mars intitule un de ses albums de dessins du littoral méditerranéen, de Marseille à Gênes : Aux Rives d'Or, en 1890, témoignant que la terminologie n'est pas fixée à cette date. Encore en 1898, et en plus chez le même éditeur que Liégeard (Quantin), Constant de Tours intitule son Guide-album du tourisme : Vingt jours sur les côtes de Provence, de Marseille à l'Italie, ce qui était une des dénominations répandues auparavant (Côtes provençales est ainsi le titre du 6ème volume de la série Le Littoral de la France, par Vattier d'Ambroyse, paru en 1889). De plus, les Anglais n'adoptèrent pas le nouveau terme et souhaitaient continuer à utiliser celui de Riviera. L'usage s'imposa d'abord localement, à la fin des années 1890, dans la presse, dans le tourisme, et auprès de certains hivernants. Un guide intitulé La Côte d'Azur en l'an 1897 est l'un des premiers à répandre l'expression, qui d'ailleurs est restreinte à la zone Nice-Cannes-Monaco-Menton, excluant les environs de Marseille et la partie de la Riviera italienne. En 1900, la dénomination est consacrée par le géographe Onésime Reclus, auteur de La Côte d'Azur, deuxième volume de la collection A la France : sites et monuments (cf. Marc Boyer, Histoire générale du tourisme, 2005, p. 297), où la Côte d'Azur désigne la portion du littoral allant de Hyères à Menton (Var et Alpes-Maritimes). Désormais, le terme était lancé, et les littérateurs, comme Henri Sienkiewicz (le romancier polonais auteur de Quo Vadis), un des hivernants assidus, s'en emparent. Il rencontra d'ailleurs un tel succès que l'on vit toutes les côtes du littoral français recevoir, dès 1894 (Côte d' Émeraude, en Bretagne ; 1905, Côte d'Argent, en Aquitaine) et tout au long du XXème siècle (siècle du tourisme), des désignations similaires : Côte d'Opale, Côte de Vermeille, Côte d'Albâtre, etc. (voir l'article Côte d'Argent, Côte d'Émeraude : les zones balnéaires entre nom de marque et identité littéraire, par Catherine Bertho-Lavenir et Guy Latry, dans Le Temps des médias n° 8, 2007, dossier Le Tour du Monde : Médias et voyages). Quant à l'ouvrage de Stéphen Liégeard, ayant d'abord connu une première édition en grand format à la fin de 1887, couronnée par l'Académie française un an après, il est reparu dans la présente édition en format plus compact, "mieux en rapport (...) avec les exigences du lecteur voyageant", précise l'auteur. Ainsi, "le volume va pouvoir quitter la table de famille pour devenir un compagnon fidèle du touriste. Le format est réduit sans que la gravure en souffre, plusieurs vues inédites accroissent le nombre des anciennes", et le texte a été mis à jour. Il joint ainsi l'utilité du guide de voyage, Joanne ou Baedeker, et la qualité artistique du livre d'art. Liégeard passait l'hiver à Cannes, où sa femme avait hérité de la Villa des Violettes en 1873 (sujet de deux gravures, pp. 116-117), située aujourd'hui dans une rue qui porte son nom. Il y est décédé à l'âge de 95 ans (battant, dit Marc Boyer, "le record de durée de vie d'hivernant à Cannes tenu par lord Brougham" (1778-1868), le "découvreur" de la station en 1834, mort à 89 ans), avec comme principal regret de n'avoir pas réussi à être admis à l'Académie française, malgré ses démarches répétées. L'ouvrage a été réédité à l'occasion du centenaire de sa première parution, en 1988 par les Éditions Serre, à Nice. Lançant une expression linguistique universellement employée, ce livre a une importance historique considérable de ce fait, et est évidement tout particulièrement recherché.
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