MAGNIN (Emile) . L'Art et l'hypnose .
600,00 €Prix
Genève, Éd. Atar, Paris, Félix Alcan, [1907], 2ème éd., gr. in-8 (27 x 20 cm), percaline lie-de-vin. Premier plat orné d'une illustration Art nouveau en noir représentant la danseuse Magdeleine en action (d'après une photo de la p. 369), lettrage doré, dans un encadrement floral stylisé signé RS. Second plat orné du monogramme de l'éditeur Atar en noir, dos orné de filets à froid et du titre doré (rel. de l'éd.), XV-(I)-463-(1) pp. ¦Interprétation plastique d'?uvres littéraires et musicales. Préface de Théodore Flournoy, auteur de Des Indes à la planète Mars (1900), étude du cas de Mlle Smith, médium qui communiquait sous hypnose avec ces contrées. 85 planches hors-texte de photographies et une soixantaine de clichés in-texte de Frédéric BOISSONNAS, et quelques reproductions de dessins par F.-A. von KAULBACH et Albert von KELLER. Curieux ouvrage mêlant la danse, l'hypnotisme et le magnétisme. Le cas de la danseuse somnambule Magdeleine G. a été célèbre en 1903-1904, en un temps avide de magnétisme et d'hypnotism e et de leur mise en spectacle. Il a été évoqué par Paule Gioffredi dans A la rencontre de la danse contemporaine (2009), qui écrit : "Sa danse n'est pas nécessairement l'illustration d'un air de musique, car elle réagit également au tic-tac d'une horlog e, à un poème de Paul Verlaine ou à un texte de Victor Hugo. Son thérapeute Émile Magnin s'improvise metteur en scène et s'empare de l'occasion pour monter un spectacle dont elle est la protagoniste. Vêtue d'un drapé à l'antique (...), Magdeleine triomphe sur les scènes de Paris, Munich, Stuttgart et Londres en 1904. Son succès est immédiat : elle attire une foule de spectateurs et suscite la curiosité des artistes, des philosophes et des médecins qui s'inspireront de ses danses pour des peintures, des articles et des ouvrages" (p. 227). Le photographe suisse Frédéric BOISSONNAS (1858-1946) est connu pour ses compositions en plein air et ses vues des Alpes, de Grèce et d'Égypte. Il a collaboré avec Émile Magnin, professeur à l'école de magnétisme de Paris pour des expériences sur l'étude de l'expression. "Si le cas Magdeleine ressemble à de la psychologie expérimentale, il possède indiscutablement un caractère artistique", ajoute P. Gioffredi. "Parmi ceux qui ont assisté aux représentations de Magdeleine, n ous connaissons notamment les noms d'Albert Besnard et d'Auguste Rodin, lequel a invité la jeune femme à se produire dans son atelier" (articles du Gil Blas et du Figaro, reproduits en annexe). Mais "la jeune femme est une artiste "inconsciente" et par faitement amnésique au retour de ses transes. Par dessus tout, elle possède l'atout supplémentaire d'une "légère hystérie" (...). Ses gestes plaisent au public et pourtant ils étonnent, car ils ne correspondent pas à ceux du répertoire classique. Les journ alistes et médecins remarquent ses expressions grimaçantes, extatiques, maladives ; ses yeux fixes louchent pendant sa danse et paraissent "congestionnés", révulsés ; son corps tressaillant semble raide, "cataleptisé". Lors de certains passages particulièr ement dramatiques de la musique de Wagner, Magdeleine adopte la posture de l'arc de cercle, tout comme le faisait l'hystérique sous les regards des médecins" (pp. 228-229). A Munich, plusieurs peintres sont inspirés par les poses imprévues de Magdeleine. Les toiles d'Albert von Keller que reproduisent l'ouvrage de Magnin la font ressembler à une aliénée, mais celles de von Kaulbach sont d'une esthétique beaucoup plus sobre. Jacqueline Carroy estime que "les danses de Magdeleine me paraissent avoir été en p rise avec des formes d'art plus à l'avant-garde. A regarder certaines de ses photographies, on ne peut s'empêcher de penser à Isadora Duncan. Dans ce cas, le magnétisme a pu servir de caution à l'artiste et à son public, pour développer une forme d'express ion libérée des carcans de la danse classique. Parce qu'elle était, ou était censée être, inconsciente, Magdeleine rendait acceptable un art affranchi de certaines techniques, en apparence proche de la nature. Autant que nous puissions en juger, l'art magnétique a suscité une expression esthétique, la plupart du temps conventionnelle, mais aussi d'avant-garde, au nom d'une référence ambigue à l'inconscient et à la nature" (Hypnose, suggestion et psychologie, 1991, p. 95). L'ouvrage est enrichi d'un important dossier de presse (pp. 321-379, dont un article de Séverine dans Gil Blas, 1903). Caillet, III, 13. Peu commun. Un poinçon discret affecte les pages liminaires et la couverture. État de neuf.
SKU : 9500479