MALOT (Hector). Sans famille . [Caniche à gauche]
350,00 €Prix
Paris, J. Hetzel et Cie, "Bibliothèque d'éducation et de récréation", [1885], gr. in-8 (28,5 x 19 cm), percaline rouge, bords biseautés. Au premier plat, noir et or, composition à encadrement néo-classique en ogive, comprenant, au centre, "En avant !", vignette de Rémi portant sa harpe, accompagné de son caniche Capi, partant sur les routes après la mort de Vitalis (p. 254), trois médaillons dorés en tête (violon croisé d'une trompette sur une ancre) et aux deux angles inférieurs (Capi dansant, p. 471 et le singe Joli-Cœur en costume de général anglais, buvant, p. 58). Au second plat, rosace centrale aux initiales JH & Cie, deux bandes décoratives en haut et en bas dans un encadrement de filets et listels noirs, au dos, motifs décoratifs floraux dans un encadrement néo-classique, tr. dorées (A. Souze, graveur, Engel relieur), (4)-566-(1) et catalogue CR de 8 pp. ¦Édition illustrée de 98 dessins par Émile Bayard dont un frontispice et 21 hors-texte, 42 en-têtes de chapitres et 43 culs-de-lampe et une vignette page de titre, gravés par C. Baude, Hildibrand, Quesnel, etc.Brassant de nombreux thèmes (orphelin en quête de famille, tour de France éducatif, spectacle ambulant avec animaux dressés et musique, travail des enfants, batellerie, mine, découverte de Paris et de Londres), Sans famille est le grand roman pédagogique de lenfance.Pourtant, il n'est pas dabord paru dans un périodique pour enfants, mais dans le très sérieux journal politique Le Siècle (4/12/1877 au 19/4/1878), comme nous l'apprend la bibliographie de Malot établie par Yves Pincet (Le Rocambole n°7, 1999, p. 114), puis en deux volumes in-12 chez Dentu en 1878, avant la première édition illustrée gr. in-8 de 1880 chez Hetzel, qui le lance véritablement comme livre d'étrennes destiné à la jeunesse (dans une version revue à son usage).C'est avec Sans Famille que J.-P. Sartre apprend à lire : « Je grimpais sur mon lit-cage avec Sans famille d'Hector Malot que je connaissais par cœur et, moitié récitant, moitié déchiffrant, j'en parcourus toutes les pages l'une après l'autre : quand la dernière fut tournée, je savais lire » (Les Mots, pp. 16-17). « Comment a pu naître Sans famille, ce roman que depuis un siècle les familles (précisément) font lire aux enfants, et qui a depuis longtemps doublé le cap du million d'exemplaires ? » dit Caradec.Hector Malot (1830-1907) avait déjà écrit quelques romans pour adulte lorsquil publia en 1869 Les Aventures de Romain Kalbris, chez Hetzel, avec des illustrations dÉmile Bayard. « Cest lhistoire dun enfant délaissé qui séchappe de la maison dun oncle qui le brutalise, et vit avec des saltimbanques avant dêtre recueillis par un vieillard. Romain Kalbris épousera sa petite camarade Diélette, et goûtera enfin le bonheur. La même année, Hetzel demandait à Hector Malot un roman dont lintrigue devait mener un enfant à faire le tour de la France. Le titre en avait même été trouvé : Les Enfants du tour de France (…) Il faut croire que lidée était en lair, car le livre de G. Bruno parut en 1877 (Le Tour de la France par deux enfants) et celui dHector Malot en 1878... »Ce dernier saura puiser dans larsenal du feuilleton dit Soriano (Guide de littérature pour la jeunesse, 1975). « Sans famille est un roman habile, poursuit Caradec. Hector Malot croyait sans doute, comme beaucoup d'autres après lui, que les enfants (bourgeois, puisque lecteurs avant que l'enseignement laïque ne fût obligatoire, en 1882) aimaient à s'attendrir sur le sort des petits malheureux, et que dans une société moderne il n'était pas malséant d'inculquer à la jeunesse quelques rudiments de charité chrétienne. Or ce n'est pas pour cela que le roman eut du succès et qu'il en a encore !... Cest tout simplement parce que lenfant se reconnaissait lui, enfant heureux par définition dans le personnage de lenfant délaissé. Comment concilier le transfert bien connu de lenfant sur des personnages héroïques (Tintin en est un modèle) avec ce « tendre intérêt » pour ceux quatteint le malheur ? Le transfert est le même, et lenfant sattendrit sur lui-même, moins par labsence de famille (Rémi en a plusieurs, successives) que par langoisse dêtre « perdu ». Sans famille, cest encore Le Petit Poucet, dont les enfants ne remarquent guère quil est volontairement abandonné par ses parents dans la forêt avec ses frères et sœurs. Lécriture fut aussi lobjet dun soin particulier de la part dHector Malot » qui, dans la dédicace à sa fille Lucie révèle ses intentions « à légard des sentiments, de lintérêt, de la lecture. L« intérêt » (je sens pointer sous ce mot une intention pédagogique) existe certainement dans les chapitres consacrés à la mine et son inondation : Rémi est directement mêlé à un drame et il fallait un certain courage, en 1878, pour ainsi faire toucher la peine des hommes dans un livre pour enfants qui paraissait au moment des étrennes (...) A la réflexion, ce quont sans doute aimé les enfants dans ce roman, qui fut tant imité, cest la vie du cirque, du théâtre ambulant, si petit soit-il, cette vie de baladin quaucune famille naccepterait de voir choisie par ses enfants. A moins justement dêtre, comme Rémi, sans famille... » (François Caradec, Histoire de la littérature enfantine en France, 1977, pp. 187-191).Bel exemplaire.
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