MOIREAU (Auguste). La Journée d'un écolier au Moyen Âge .
500,00 €Prix
Paris, Maison Quantin, [1889], gr. in-8 (26 x 21 cm), percaline rouge, bords biseautés. Premier plat orné d'une illustration noire et dorée d'après le frontispice de ROCHEGROSSE représentant un écolier médiéval aux côtés d'un chevalier, les lettres du titre en caractères gothiques. Second plat orné d'une vignette noire (d'après le cul-de-lampe p. 15) représentant le portrait d'un homme couronné dans un trophée d'armes, dos orné de la silhouette dorée d'un personnage (d'après l'ill. p. 156), tr. dorées, 272 pp. ¦Édition originale illustrée de 96 compositions par B. BORIONE, DE VOOS, FICHOT, G. JULIEN, R. MAURY, MOUCHOT, G. ROCHEGROSSE, gravées sur bois par F. MÉAULLE. Dans cet ouvrage, qui n'est pas seulement destiné aux enfants, l'auteur nous transporte dans le monde des maîtres et des étudiants parisiens de la fin du XIIe siècle, sur la Montagne-Sainte-Geneviève, au Pré-au-Clerc, à la foire du Lendit, et autres lieux chargés de souvenirs et d'enseignements. A travers une aimable fiction, il fait revivre l'univers médiéval de façon très documentée, sous l'aspect pédagogique, angle peu abordé dans ce type d'ouvrage. De ce fait, le livre peut se ranger avec les ouvrages didactiques publiés par des éditeurs comme Ducrocq ou Jouvet, dont il a le format et l'aspect. Son auteur, Auguste Moireau (1842-1919) était un érudit. Agrégé de lettres en 1864, il enseigna quelques années avant d'entrer aux Tuileries, comme secrétaire de Conti en 1869. Après la guerre, il se lança dans le journalisme, devint secrétaire de rédaction du Messager de Paris en 1874, puis rédacteur en chef jusqu'à sa mort. « Cette tâche ne l'absorbait pas tout entier », écrit J. Bompard dans le Larousse mensuel illustré. « Les choses d'enseignement ne lui restaient pas étrangères ; et, se souvenant du temps rapide qu'il avait passé dans l'Université, il écrivait, pour les enfants et pour les jeunes gens, deux petits volumes : une petite Histoire de la marine française sous Louis XVI » (Hachette, 1884) « et un très beau volume paru chez Quantin et illustré par Rochegrosse, où, dans un style imagé, vivant, pittoresque, bien propre à divertir en même temps qu'à instruire, il disait la Journée d'un écolier au Moyen Age » (1920, p. 238). Son principal ouvrage est une Histoire des États-Unis publiée chez Hachette en 1892 en deux volumes. Il a collaboré à la Revue des Deux Mondes, à la Revue de Paris, à la Revue Bleue, à la Grande Encyclopédie, au Larousse mensuel, etc. Son ouvrage sur les étudiants du Moyen Age était original pour l'époque, et est cité comme référence dans certains livres sur le sujet. Il offre une intéressante iconographie médiévale, qui s'inscrit dans le mouvement de redécouverte esthétique de cette période historique, par les historiens et les artistes, qui se manifeste par exemple dans les reconstitutions architecturales de Viollet-le-Duc, chez les préraphaélites anglais, ou les peintres pompiers. Mais le peintre académique Georges Rochegrosse (1859-1938), alors à ses débuts, ne contribue au livre que pour son frontispice, repris au plat historié. Il est cependant secondé par une équipe d'artistes de talent sous la direction de Fortuné Méaulle, qui travailla beaucoup pour les ouvrages didactiques des éditions Ducrocq. L'intérêt pour l'esthétique médiévale ne faiblira pas à la fin du XIXème siècle, et Albert Robida, par exemple, en sera un des plus fervents vulgarisateurs, dans nombre de ses ouvrages, comme Le Roi des jongleurs (1898, cf. PH 4/76), qui profite du travail documentaire réuni dans sa série de La Vieille France (1890-93) et de Paris de siècle en siècle (1895-1896), ce dernier lui permettant de se lancer dans la reconstitution architecturale du Vieux Paris, lors de l'Exposition universelle de 1900 (cf. PH 9/174). En 1902 encore, André Laurie se montre un successeur direct du livre de Moireau avec L'Escholier de Sorbonne (Hetzel), un des derniers titres de sa grande collection La Vie de collège dans tous les temps et dans tous les pays. Il y aurait dans le renouveau médiéval au XIXème siècle (et particulièrement dans les livres à plat historié et à gravure) un sujet passionnant à proposer à un jeune chercheur. Notons l'existence d'une petite variante du plat, réalisée ultérieurement, lorsque la maison Quantin est reprise par l'éditeur L.-Henry May. Celui-ci supprime le nom de l'Ancienne Maison Quantin sur le premier plat et le dos et y substitue son nom sur le dos (mais non sur le plat), tandis que la page de titre reste inchangée. Vicaire, V, 910. Chevalier : Répertoire des sources historiques du Moyen Age (1959). Paetow : A Guide to the Study of Medieval History. Michaud : Paris, fonctions d'une capitale (1962). Très bel exemplaire.
SKU : 9500626