MONTEIL (Edgar) . François François .
500,00 €Prix
Paris, Maison Quantin, 1888, gr. in-8 (26 x 21 cm), percaline rouge, bords biseautés. Au premier plat, allégorique, végétation exotique dorée avec, au second plan, un poste français (drapeau) sur une côte face à la mer argentée sous un soleil de même, titre noir. Au second plat, en vignette gris, noir, or et argent, embarcation à rame et à voile manoeuvrée par des Indiens (un igarité, p. 101), au dos, vignette dorée (le héros tenant un drapeau français), tr. dorées (A. Lenègre, relieur), (6)-307-(3) pp. ¦Éditio n originale illustrée de 105 dessins par Édouard LOEVY. "C'est l'histoire d'un jeune Parisien qui, à l'âge de seize ans à peine, voit son père, professeur dans un lycée, frappé d'un cruel accident et mis dans l'impossibilité de subvenir aux besoins d'une nombreuse famille. Le jeune homme comprend les nouveaux devoirs qui lui incombent : avec une noble témérité, il jure, malgré sa jeunesse, de s'expatrier et de ne revenir qu'au bout de quatre années après avoir conquis la fortune. Il va dans l'Amérique du Sud, pour le compte d'un négociant du Havre ; mais, à peine débarqué, son caractère entreprenant l'entraîne dans une série de périlleuses aventures dont il ne se tire que grâce à un courage et une ténacité à toute épreuve. Il finit par recevoir la récompen se de tous ses efforts, car, après avoir failli être dévoré par des Indiens anthropophages, il peut leur échapper et revenir plus tard se venger de leurs cruautés, puis exploiter "la rivière d'or" qu'il a découverte pendant sa captivité. Cette histoire, si intéressante dans sa simplicité, est agrémentée de nombreux et jolis dessins qui en font un véritable beau livre." (Le Livre, 1888). Nous avons déjà évoqué Jean-le-Conquérant (1888, PH 12/240) et l'Histoire du célèbre Pépé (1891, PH 16/314) du mê me auteur, homme politique et romancier (1845-1926) qui occupe ses loisirs de préfet de la Creuse en composant des romans pour la jeunesse (cf. Jeannine Bonnefoy, Vers une religion laïque ? Le militantisme d'Edgar Monteil en 1884, 2002). Il trouve son in spiration dans les questions à l'ordre du jour : la conquête coloniale (Indochine dans Jean-le-Conquérant, Afrique dans Le Roi Boubou, 1892), le roman didactique et géographique (L'Entreprise de dix lycéens à travers la Russie et la Chine, 1894), le roman d'apprentissage (Histoire du célèbre Pépé, Les Trois du Midi, 1893, Mémoires de jeunesse de Benjamin Canasson, notaire, 1897, PH 26/501). Ce nouveau livre, relatant les entreprises d'un jeune Français en Amazonie, Brésil et Bolivie, permet de découvrir la vie et les moeurs de ces pays, tant sur le plan économique et commercial que dans les aspects botaniques, zoologiques, ethnographiques, notamment pour tout ce qui touche aux peuplades indiennes (techniques de chasse, réduction des têtes, momif ication des ancêtres, etc.). Bien documenté, l'auteur fait usage de nombreux termes exotiques, plaçant le héros dans des situations permettant de les expliquer. Nous sommes ainsi assez proches des livres publiés dans la collection d'Émile Desbeaux chez Duc rocq. L'ensemble du récit est placé sous le signe de la colonisation de contrées nouvelles dont il s'agit d'exploiter les richesses naturelles et ressources, essentiellement agricoles. A cause de son titre (le prénom François redoublé et la présence du dr apeau français sur la couverture et le dos indiquent ouvertement la francité du récit, mais en masquent les particularités géographiques), ce roman n'a pas été retenu par Régis Tettamanzi, auteur d'une étude sur "L'Amazonie dans le roman populaire français (1860-1940)" (Le Rocambole n° 16, 2001) et d'un livre sur le même thème, Les Écrivains français et le Brésil : la construction d'un imaginaire de La Jangada à Tristes tropiques (2004). Ses travaux permettent cependant d'analyser et de situer ce roma n de Monteil, ainsi que celui de Jules Chancel, un peu plus tardif (Un petit comédien au Brésil, Delagrave, 1915). Manifestement, le Brésil était en vogue dans les années 1880, La Jangada de Verne datant de 1881. C'est également là que sont situés plus ieurs romans de Louis Boussenard parus dans Le Journal des voyages, et le récit romancé de Gustave Aimard, Le Brésil nouveau (d'abord publié en 1884, PH 18/343). Dans le catalogue Quantin des étrennes 1889, l'ouvrage paraît aux côtés de La Babylone é lectrique d'Albert Bleunard, de l'Histoire d'un paquebot de Bonnetain et Tillier (PH 11/229, illustré, comme le précédent, par Montader) et de La Journée d'un écolier au Moyen Age d'Auguste Moireau (ill. de Rochegrosse, PH 22/423), offrant un éventail de sujets variés présentés dans un format identique. Les productions de cet éditeur (puis de May et Motteroz qui lui succèdent) sont justement appréciées par la qualité de leur contenu et leur présentation soignée, voire luxueuse, réalisées par un groupe d'artistes réputés et fidèles, dont Montader et Loevy, que l'on retrouvera dans les livres de la collection des Guides-albums du tourisme de Constant de Tours. Édouard Loevy (Varsovie, 1857-Paris, 1911) étudie les beaux-arts à l'Académie de Saint-Péters bourg et à Munich. A partir de 1881, il expose à la Société nationale des beaux-arts et peint des tableaux de genre, des scènes paysannes, des portraits. Il illustre les Contes juifs de Sacher-Masoch, les Dix contes de Jules Lemaitre (PH 15/291), etc. Il a beaucoup collaboré aux magazines illustrés comme Le Globe-trotter, L'Illustration, Je sais tout, la Revue encyclopédique, etc. "Mais il faut mettre à part sa collaboration au Nouveau Larousse illustré, à son Supplément et aux quatre premiè res années du Larousse mensuel, où il était spécialement et exclusivement chargé de la tâche difficile de dessiner les portraits. Il y a exécuté des milliers de figures, traitées avec le sentiment du caractère propre de chaque physionomie, d'une plume ai sée, rapide, ferme, enlevée." (Larousse mensuel, 1911). Ces caractères se retrouvent dans ses compositions pour François François. Bel exemplaire de ce titre rare.
SKU : 9501021