MONTORGUEIL (Georges) . Les Trois couleurs . France, son histoire .
450,00 €Prix
Paris, Charavay, Martin, éditeurs, [1899], percaline vert olive. Au premier plat polychrome et doré (signé Jacques Drogue), réserve de titre sur fond vert entourée de feuilles de chêne et laurier auxquelles s'enroule un ruban "1816-1880" et les noms et adresse des éditeurs, le tout surmonté d'un coq, d'un fer de lance marquée "RF" devant une cocarde et d'une aigle, noms de campagnes aux angles dans une couronne de laurier et chêne : Algérie 1830, Crimée 1854-55, Italie, 1859, France 1870. Au second plat fer circulaire à froid, titre doré au dos, tr. rouges (Paul Souze, graveur), [80] pp. ¦Édition originale imagée in-texte et à pleine page de 40 compositions par Job. L'ouvrage sera réédité par Juven entre 1902 et 1911, puis par Boivin en 1928 avec une nouvelle couverture illustrée (imprimée sur cartonnage beige et non plus sur toile) représentant la France sur une barricade de pavés, devant un drapeau tricolore (révolution de Juillet 1830). Troisième volume de la trilogie France, son histoire où l'histoire de France est incarnée par une petite fille née chez les Gaulois, et qui grandit peu à peu, au fil des événements historiques. Après La Cantinière (1789-1815) où France endosse le costume de l'emploi, ce volume traite de la période 1816-1880. « Pour les auteurs, c'est de l'histoire proche, en partie vécue, et beaucoup de ses données se prêtent mal à intéresser les enfants. Ils s'y emploient pourtant souvent avec talent. Ainsi, la Restauration est évoquée par Job comme un changement de vêtement de la Cantinière : on l'oblige à enfiler une robe de cour blanche, tandis qu'une dame d'atours revêche ramasse avec des pincettes la cocarde tricolore qu'on lui a arraché. Sur l'aspect religieux du régime, Montorgueil est d'une finesse qui dépasse sans doute ses lecteurs (...). Viennent ensuite la conquête d'Alger, et la révolution de Juillet, ce qui nous vaut, dessinée par Job, une barricade inspirée directement de Delacroix, mais où une France habillée en bourgeoise remplace la Liberté dépoitraillée. Du règne de Louis-Philippe, on retient Guizot qui répand l'instruction, et l'épopée algérienne (prise de la Smala, Sidi-Brahim). La révolution de 1848 instaure la République, mais les journées de juin sont passées sous silence. Le coup d'État du 2 décembre est illustré, encore une fois, par une trouvaille, d'un symbolisme très parlant : Louis-Napoléon Bonaparte surprend la France à son réveil, tandis que dans le ciel, un aigle chasse le coq. (...) Voici pourtant la prospérité du Second Empire, illustrée de jolies vues de Paris : et aussi ses guerres, le siège de Sébastopol « où deux adversaires qui, dans la lutte, ont appris réciproquement à s'estimer, deviendront un jour deux amis » (car l'alliance franco-russe baigne la fin du siècle) : puis la campagne d'Italie, qui donne à la France la Savoie et Nice (...). La guerre de 1870. C'est la faute à Bismarck ! Sedan : « l'histoire n'avait pas encore enregistré une capitulation aussi humiliante ». La France réagit, retrouve l'élan de 1792 et l'habit de cantinière, mais en vain. L'ennemi vainqueur arrache une partie du territoire. Image de Job : un soldat (bavarois ?) au casque à pointe entraîne de force deux petites filles, Alsace et Lorraine, sous les yeux de la France éplorée, en robe noire » enveloppée dans le drapeau tricolore. Commentaire : « L'attente sera longue » (M. Venard, « La France personnifiée pour les écoliers de la IIIe République : France, son histoire par G. Montorgueil et Job », dans Bercé et Contamine (éd.), Histoire et historiens de la France, 1993). Puis c'est le siège de Paris, où France contemple la ville incendiée et bombardée d'une hauteur en ruine, sous l'œil goguenard des Prussiens. La dernière image se veut rassurante. Le livre se termine sur la Revue de Longchamp en 1880 où l'armée française reçoit ses nouveaux drapeaux. « Soldats, dit France, voici vos drapeaux neufs. Ils sont taillés dans votre ancienne gloire. Je vous les ai tissés avec les nobles haillons de ceux sous les plis desquels, depuis des siècles, vous avez su vous battre et mourir. »« Dans ces trois albums Job fait preuve d'une grande maîtrise de son art (...). Quatre types de mises en page sont utilisés : la vignette placée en regard du texte, un haut ou bas de page, la page à fond perdu avec un texte qui adapte sa forme et la simple ou double page sans texte », détaille Robichon. « L'utilisation d'une partie de page permet souvent des cadrages très audacieux, comme dans l'entrée de l'armée française à Moscou où seuls les bonnets à poil des soldats dépassent du bord inférieur de la page » (dans La Cantinière). « La composition la plus usitée c'est « l'image habillée », l'illustration pleine page, sans bordure, où le texte se loge dans les espaces laissés vacants. Les réussites sont trop nombreuses pour être citées ». Mentionnons toutefois « Le chemin de fer sous le Second Empire », avec ses trains sillonnant la page. Dans tous les cas, la liaison entre le texte et l'image est totale et la lisibilité du texte toujours assurée. »« Par la variété et le jeu subtil des mises en page, ces trois albums sont les plus belles réussites de Job » (F. Robichon, Job ou l'Histoire illustrée, 1984, p. 59). Sur cette trilogie de Job ainsi que les collections qui les ont accueillis, voir le guide du collectionneur « Job et les albums historiques » (Le plat historié n°42, juin 2018).Bel exemplaire, dans une couleur peu commune.
SKU : 9501217