MÉNARD (René). L'Art en Alsace-Lorraine .
500,00 €Prix
Paris, Librairie de l'Art, Charles Delagrave, 1876, gr. in-8 (31 x 23 cm), demi-chagrin, plats de percaline brune. Aux deux plats, noir et or, grilles monumentales de la place Stanislas, à Nancy, de style rocaille, dessinées par le ferronnier d'art Jean Lamour, aux armes de Louis XV, deux blasons en pied, à la bande et à la croix de Lorraine, encadrement de filets noirs. Dos orné d'arabesques noir et or, avec au centre les deux blasons des plats, tr. dorées (H. Robyn, graveur, Engel, relieur), (4)-558-(2) pp. ¦Éd ition originale illustrée de 317 figures in-texte, 17 eaux-fortes dont un frontispice, et 35 gravures hors-texte par BOCOURT, Félix BUHOT, Gustave DORÉ, Albert DUVIVIER, Camille GILBERT, A. LALAUZE, SAINT-ELME GAUTIER, H. SCOTT, H. TOUSSAINT, gravés par F ROMENT, GILLOT, GUILLAUMOT, LÉVEILLÉ, LEVY, MÉAULLE, PUYPLAT, SMEETON-TILLY, etc. Précis de l'histoire de l'art en Alsace : les monastères, le style roman, les miniatures, l'architecture ogivale, la statuaire monumentale, l'imagerie sculptée, les sculpteu rs, les vitraux, les fresques, la renaissance, le XVIIIe siècle, les artistes alsaciens contemporains (dont Bartholdi, Doré, Goutzwiller, Henner, Jundt, Kreutzberger, Lix, Matthis, Th. Schuler, etc.). Topographie artistique et monumentale de l'Alsace (Stra sbourg, Haguenau, Wissembourg, Saverne, Ribeauvillé, Colmar, Mulhouse, Thann, Guebwiller, etc.). Précis de l'histoire de l'art en Lorraine : le Moyen Age, la Renaissance (dont Ligier Richier), le XVIIe siècle (dont Callot, Bellange, Claude Lorrain, etc.), le XVIIIe siècle (dont Lamour, Clodion, etc.). Les artistes lorrains contemporains (dont Français, Grandville, Isabey, Sellier, etc.). Topographie artistique et monumentale de la Lorraine (Nancy, Lunéville, Toul, Épinal, Bar-le-Duc, Saint-Mihiel, Metz). Premier livre de Ménard pour l'éditeur Delagrave, à qui il fournira ensuite : Les Curiosités artistiques de Paris, guide du promeneur dans les musées, les collections et les édifices (1878, in-18, 723 pp.), La Mythologie dans l'art ancien et moderne (1 878, gr. in-8, XVI-908 pp.), 2e édition en 1880), Le Monde vu par les artistes : géographie artistique (1881, gr. in-8, 1005 pp., plat historié signé Paul Souze), Histoire des beaux-arts (1882, 3 vol. in-18 : I, Art antique ; II, Moyen Age ; III, Art moderne ; 2e édition, 1894-1897). Véronique Dumas a retracé pour l'INHA la carrière de René Ménard (1827-1887), professeur d'histoire et directeur de la Gazette des Beaux-Arts (1873), frère du républicain Louis Ménard : "C'est avec son frère Louis, que René Ménard réalise en 1866 un Tableau historique des beaux-arts depuis la Renaissance jusqu'à la fin du dix-huitième siècle - ouvrage couronné par l'Académie des beaux-arts - qui s'attache à étudier l'art dans ses différentes phases, depuis son dév eloppement jusqu'à son déclin. Selon lui, l'Antiquité a tracé le vrai chemin de l'art. La Renaissance a choisi cette époque pour guide et, sans en imiter les oeuvres, en a fait revivre les principes, pour arriver à la perfection. S'ensuit une période de dé cadence à l'époque moderne." "Le fait qu'une civilisation soit liée à sa religion est une idée récurrente chez René Ménard", poursuit V. Dumas. "Ce dernier a compris que l'art d'une société est l'expression de ses besoins, traduisant ses institutions pol itiques et son idéal religieux. L'histoire de l'art est l'histoire de la civilisation elle-même. Aussi, étudier l'art des Grecs équivaut-il à étudier leurs dieux, et parler de l'art moderne revient-il à définir les dogmes chrétiens. Auteur d'un ouvrage pio nnier en la matière, La Mythologie dans l'art ancien et moderne (1878, cf. PH 5/100), René Ménard donne à la mythologie - discipline jusqu'alors ignorée et discréditée - une place importante. Elle seule peut donner la clef de l'art des Grecs et de leur l ittérature." "René Ménard s'affirme comme un historien d'art accompli, parvenu à concilier l'écriture d'une histoire de l'art et la mise en valeur des arts mineurs avec un enseignement artistique, à une époque où les choses sont encore difficiles à mettre en place." C'est dans cette optique qu'il aborde L'Art en Alsace-Lorraine. Après la perte de ces régions, le livre a également une portée politique et polémique, notée par la critique étrangère (The Academy, 1876) mais aussi par Roland Recht pour qui ce livre s'insère dans les querelles artistiques menées avec les historiens allemands de l'art : "Il devient alors bien difficile de lutter contre ces historiens à la stature imposante chargés, dans l'esprit des Alsaciens, de germaniser leur art. Cela ne devait pas empêcher quelques érudits français de contester vigoureusement les épures stylistiques des professeurs allemands. Par exemple René Ménard, le rédacteur en chef de la Gazette des Beaux-Arts qui, dès 1876, publie L'Art en Alsace-Lorraine, dont le tract d'annonce affiche d'emblée l'intention de l'auteur : "Démontrer par l'examen des monuments de l'art que la race qui peuple nos anciens départements de l'Est est française par l'esprit, comme elle est par les sentiments" (Histoire de l'histoire d e l'art en France au XIXe siècle, 2008, chap. "L'ethnicisation des revendications artistiques"). D'ailleurs, Ménard le dit lui-même : "Notre intention en commençant ce travail, était d'indiquer la nationalité pour laquelle avait opté chacun des artistes dont nous avions à parler. Tous sans aucune exception, tant en Alsace que dans les parties annexées de la Lorraine, ont tenu à demeurer Français" (p. 110). Ces considérations n'enlèvent rien à la valeur intrinsèque de l'ouvrage, qui rassemble une vaste do cumentation sur le sujet, richement illustrée sous la direction du dessinateur et graveur Léon Gaucherel (1816-1886), élève de Viollet-le -Duc, qui illustra Venise dans Amsterdam et Venise de Henry Havard (1876, PH 9/181). Vicaire, V, 667.
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