PERONNET (Mme Charles). En route vers le bonheur .
350,00 €Prix
Paris, Librairie Ch. Delagrave, [1908], gr. in-8 (27,5 x 18,5 cm), percaline vert foncé, bords biseautés. Au premier plat, polychrome, la famille de Valmy réunie au complet sur le perron du château des Tourelles, Éva s'avançant (pl. p. 233). Au second plat, paon à froid, au dos prolongement de la composition du premier plat, avec aperçu du parc (plan d'eau avec cygnes, balustrade, arbres, parterre, vol d'oiseaux), tr. dorées, 237-(3) pp. ¦Édition illustrée de 8 hors-texte et de 25 dessins in-texte par Louis Bailly et Léon Gambey (écrit par erreur Cambey).1re édition en 1908, 2e édition en 1910 (percaline bleu-vert), 3e édition en 1913 (percaline verte).« Touchante histoire d'une jeune fille qui cherche et finit par trouver, à travers des peines et des difficultés sans nombre, le chemin du bonheur » (annonce de léditeur).Ruine de la famille suite aux agissements dun régisseur indélicat, naufrage du père lors dun retour de lîle de la Réunion, adversité et mise à lépreuve de lhéroïne, vol de valeurs et enquête en restitution, tels sont les ingrédients proposés dans ce livre, et qui empruntent aux œuvres célèbres du roman dapprentissage. On peut rappeler ici lintrigue des romans de Rémy-Allier, Le Vœu de Madeleine (Ducrocq, 1897, PH 34-650), qui décrit également un naufrage et le placement denfants chez des parents adoptifs, ou dAugusta Latouche qui, dans Jessie la petite maîtresse de maison (Delagrave, 1933, PH 39-717) décrit une héroïne retroussant ses manches pour surmonter ladversité.Ce sont là des thèmes et des situations classiques du roman déducation, pédagogique et moral, illustré au XIXe siècle tant chez Jules Verne que chez Hector Malot.« Ce n'est pas la fortune même considérable ni le luxe, ni les satisfactions de l'égoïsme le plus raffiné qui donnent le bonheur. Mlle Eva de Valmy avait de la peine à le croire. Pour l'en instruire, il ne fallut rien de moins que les dures leçons de l'adversité ; elles ne lui furent point épargnées, et la pauvrette souffrit beaucoup ; mais ses larmes adoucirent son cœur orgueilleux : elle était en route pour le bonheur. » (Revue des Deux Mondes, 1908).« D'autres œuvres d'imagination méritent d'être indiquées ici, parce qu'une intention éducatrice s'y dissimule habilement sous l'agrément des aventures. Ainsi En route vers le Bonheur, de Mme Ch. Péronnet (Ch. Delagrave). Mlle Eva de Valmy, est une jeune fille gâtée, égoïste et dissipée. Surviennent de cruelles adversités. Elle doit vivre chez des gens pauvres et bons. Elle est malheureuse et les fait souffrir. Puis peu à peu elle discerne l'attrait des joies simples, et s'élève vers la bonté, par là vers le bonheur. » (Revue bleue, 1908).Mme Charles Péronnet (Lons-le-Saunier, 1860- Grenoble, 1942) romancière pour la jeunesse, née Marie Louise Xavière Augustine Floquet, épouse en 1884 Étienne François Charles Péronnet (1846-1903) puis M. Maisonneuve.Elle débute sa carrière de romancière pour jeunes filles en 1902 par un roman éducatif, Au pair (H. Gautier, 1902). Elle publie une quarantaine de titres chez les éditeurs spécialisés, Taffin-Lefort (1902), C. Paillart (1902, 1908), Mame (1903, 1909-1914, 1920, 1925, 1929-31, 1937), Delagrave (1908), Maison de la Bonne Presse (1912, 1923-24, 1932, 1936), Desclée, De Brouwer et Cie (1913), Gautier et Languereau (1920, 1925, 1933, coll. Bibliothèque de Suzette), Hirt (1925-27), Flammarion (1938). Ses contes et romans sont publiés dans Le Journal de Françoise (Québec, 1905), Les Veillées de chaumières, Foyer-Revue, Mon ouvrage (Ed. du Petit écho de la mode), etc.Cest une authentique « ouvrière des lettres » (Ellen Constans, Ouvrières des lettres, 2007), qui se consacre au « roman catholique », au même titre que André Bruyère, Delly, Jacqueline Rivière, directrice de La Semaine de Suzette (Annie Renonciat, « Catholic Criticism of Childrens Literature at the Beginning of the 20th Century France », Religion, Children's Literature, and Modernity in Western Europe, 1750-2000, ed. Jan de Maeyer, Leuven University Press, 2005). Elle est aussi considérée comme une « romancière éducatrice » (La Presse d'éducation et d'enseignement, XVIIIe siècle-1940, dir. Pénélope Caspard-Karydis, Pierre Caspard, Institut national de recherche pédagogique, 1984). Sa participation à la revue La Femme contemporaine (1903) publiée à Besançon par labbé Jean Lagardère (1861-1918) est essentielle pour comprendre son engagement dans le catholicisme social teinté de féminisme. Cette aile du féminisme a fait lobjet de recherches très documentées depuis celles, fondatrices, dOdile Sarti (The Ligue Patriotique des Françaises (1902-1933). A Feminine Response to the Secularization of French Society, thèse de 1983 publiée par Garland, New-York, 1992), puis par Sylvie Fayet-Scribe (Associations féminines et Catholicisme: XIXe-XXe siècle, Editions de l'Atelier, 1990), qui écrit : Jean Lagardère, « qui avait été aumônier du Carmel de Besançon à partir de 1894, avait été ainsi mis en contact avec « l'âme féminine ». En outre des conférences faites un peu partout lui avaient révélé le besoin des femmes du monde d'être elles aussi dirigées et la presse lui semblait un bon outil de diffusion des idées. Très conscient du poids que représentait le féminisme, « l'abbé Lagardère fut un des premiers à voir la nécessité de capter cette force » (Mlle P. Beaufort, L'âme héroïque d'un prêtre, vie de l'Abbé Jean Lagardère, Lethielleux, 1928, p. 132). Il créa La Femme contemporaine, puis La Jeune Fille contemporaine. »Prêtre-soldat mort au champ dhonneur le 4 novembre 1918, Jean Lagardère est présent dans lAnthologie des écrivains morts à la guerre, 1914-1918 (tome 1, 1924, notice de Lya Berger, son ancienne collaboratrice de La Femme contemporaine).Dans sa synthèse historique, Karen M. Offen (European Feminisms, 1700-1950: A Political History, Stanford University Press, 2000, p. 198) décrit les différentes associations féminines des années 1900, celles à tendance catholique et celles dobédience séculariste. A propos de La Femme contemporaine, elle précise : « Cette revue catholique adopta une position progressiste sur la question féminine ; bien que plaçant les intérêts de la famille au-dessus de ceux des individus, homme ou femme, elle nen présenta pas moins une approche positive de lavenir intellectuel et professionnel des femmes. Labbé Lagardère savéra un allié de poids dans le combat pour instiller davantage douvertures progressistes sur la question féminine dans léglise. »Ainsi, Mme Péronnet rejoint-elle, par dautres chemins, les préoccupations féministes et sociales de ses consœurs romancières telle Augusta Latouche ou Mme Cremnitz.En route vers le bonheur est son seul livre publié par Delagrave et son quatrième roman, sous une belle présentation à plat historié, agréablement illustré par Louis Bailly (1875-1958), dessinateur humoriste ayant illustré beaucoup de livres et de revues, et par Léon Gambey (né en 1883 à Châlons-sur-Saône et mort au combat du Bois dAilly, le 1er décembre 1914), peintre militaire à qui fut rendu hommage dans un article de la Sabretache.Les deux artistes se partagent lillustration du livre. Louis Bailly signe la plupart des dessins au trait, tandis que Léon Gambey réalise six lavis hors-texte dont deux magnifiques gravures (p. 115 et 171) dÉva portant un chapeau à la dernière mode, lorsquelle pénètre dans la salle de cours de linstitution qui la accueillie.Bel exemplaire.
SKU : 9501007