QUATRELLES et COURBOIN (Eugène) . La Diligence de Ploërmel .
450,00 €Prix
Paris, Hachette & Cie, éditeurs, [1882], gr. in-4 (32,5 x 25,5 cm), percaline verte. Au premier plat, noir et or, titre sur une bannière percée d'un coup de fleuret, appendue à un portemanteau auquel sont suspendus un chapeau de farinier, une corne, un masque d'escrime et devant laquelle gisent divers objets (cruche, chapeau de postillon, guitare, verres, toque, etc., d'après la page de faux-titre), aux angles duel entre deux personnages silhouettés de noir, un duelliste et un charbonnier (p. 18). Au second plat, moulin inscrit dans un cercle (p. 39), dos muet, tr. rouges (A. Souze, graveur), (4)-36-(4) pp. et 12 ff. de hors-texte non chiffrées. ¦Édition originale illustrée de 34 dessins par Eugène Courboin, dont 7 hors-texte en couleurs et de 6 lettrines, gravés par M. Rapine.Sait-on que Stendhal a emprunté la diligence de Ploërmel ? « A trois heures, j'ai quitté Lorient par un beau coucher du soleil, qui enfin après trois jours a daigné se montrer. J'occupais le coupé de la diligence avec un étranger, homme de sens, établi dans le pays depuis longues années, et qui en connaît bien les usages. Rien de plus joli que la route jusqu'à Hennebon : ce sont des bois, des prairies, des montées et des descentes, et toujours un chemin superbe. J'ai vu un dolmen. La route est parsemée de petites auberges hautes de douze ou quinze pieds ; il en sortait une femme qui nous demandait en breton si nous voulions un verre de cidre. Je faisais signe que oui, le postillon était fort content, et réellement ce cidre n'était point désagréable. Cette soirée a été charmante. J'ai passé la nuit à Vannes, capitale des Venetes, qui sont allés donner leur nom à Venise. La tête remplie de ces vénérables suppositions, je suis reparti rapidement pour Ploërmel, dont j'ai admiré la charmante église. Ses formes, quoique gothiques, écartent l'idée du minutieux ; mais il faudrait deux pages pour expliquer suffisamment mon idée ou plutôt ma sensation, et rien ne serait plus difficile à écrire. » (Stendhal, Mémoires d'un touriste en Bretagne, 1854).Le livre débute sur deux dessins de la célèbre tour dElven (vue de loin et vue en contre-plongée). Ce vestige en ruines fut le théâtre de la scène-clé du roman dOctave Feuillet, Le Roman dun jeune homme pauvre (1887, PH 16/311). Cest au pied de cette tour quintervient une altercation entre les voyageurs désirant monter (les fariniers), et ceux déjà présents dans la rotonde (les charbonniers).Ernest-Louis-Victor-Jules Lépine (1826-1893), littérateur né et mort à Paris, a écrit plusieurs livres à plat historié, sous son nom ou sous les pseudonymes de Manuel ou de Quatrelles. Chef du cabinet du duc de Morny (1864-1865), conseiller référendaire à la Cour des Comptes, il est lauteur de La Dernière idole (drame en collaboration avec A. Daudet, 1862), La Légende de Croque-Mitaine (1863, ill. Gustave Doré), l'Œillet blanc, comédie (1865), Histoire de l'intrépide capitaine Castagnette, 1862 (PH 31/592 et 593, ill. Gustave Doré), La Princesse éblouissante (1869, ill. Bertall), Le Chevalier Beau-Temps (1871, ill. Gustave Doré) La Vie à grand orchestre (1873), A coups de fusil (1875, ill. A. de Neuville), Une date fatale (1877), Colin Tampon (1884, PH 30/576, ill. Eugène Courboin), Le Sapeur et la maréchale (théâtre, 1884), Double face : raison, folie (1890), etc. (Larousse, Grand dictionnaire du XIXe siècle, tomes 10, 16 et 17).Cet ouvrage très amusant reçut de nombreux éloges à sa parution : « La Diligence de Ploermel, par Quatrelles, un magnifique volume in-8°, illustré de 7 planches en couleur et de gravures en noir par Eug. Courboin. C'est l'odyssée de quatre fariniers, qui, partis blancs le matin, deviennent noirs par une foule d'aventures plus drolatiques les unes que les autres, et rentrent le soir gris chez leurs ménagères. C'est à pouffer de rire d'un bout à l'autre : texte et dessins, tout est désopilant » (Le Mémorial diplomatique, 1882, p. 813).« MM. Quatrelles et Eugène Courboin atteignent le même but [une bonne humeur contagieuse et irrésistible] par des procédés tout autres, procédés à la française, d'un esprit plus aiguisé, avec une pointe d'excentricité qui provoque le sourire aussi sûrement que peut le faire la malicieuse bonhomie des Anglais. Étrange aventure que celle de la Diligence de Ploermel et de ses fantastiques voyageurs ! Elle est racontée avec une verve remarquable par M. Quatrelles et son digne compère, le dessinateur Eugène Courboin : les lecteurs de toute taille y prendront un plaisir extrême. » (Gazette des beaux-arts, 1883, volume 1, p. 90).« La diligence de Ploermel n'est pas seulement une désopilante histoire, racontée par Quatrelles avec la verve qu'on lui connaît ; c'est une œuvre artistique qui en fait un charmant album à feuilleter ; et si le texte réjouira la jeunesse, tout le monde aimera à regarder ces charmantes et spirituelles illustrations » (Polybiblion, 1882, p. 478).Les livres à plat historié sur la thématique des transports en commun sont peu nombreux. Dans leur chapitre « Curiosités sociales et ethnographiques », Jean-Marie Embs et Philippe Mellot disent de ce livre : « La charge inspirée des voyages pouvait s'attarder sur les questions délicates posées par une cohabitation forcée, en diligence ou dans un compartiment de chemin de fer. Cette promiscuité à l'intérieur des cahotantes berlines, que la vapeur n'avait pas encore fait disparaître, pouvait se révéler explosive, surtout si les passagers, un peu excités, appartenaient à des corporations aussi étrangères l'une à l'autre, pour ne pas dire hostiles, que celles des charbonniers et des fariniers. C'est bien ce qui se produisit à l'intérieur de La Diligence de Ploërmel dont les secousses n'eurent pas pour seule origine les ornières du chemin. Quatrelles écrivit en noir et blanc cette provinciale nouvelle pour Hachette, en 1889 (sic), égayée par les belles illustrations, joyeuses et ensoleillées, d'Eugène Courboin. La mosaïque sociale se rencontrera de nouveau, dans des circonstances moins agitées, avec les voyageurs qu'emportait Le Wagon de Troisième Classe, dans une petite comédie ferroviaire de Jean Drault, illustrée par Gerbault et Guydo, publiée chez Mame, vers 1900 » (100 ans de livres d'enfant et de jeunesse, 1840-1940, 2006, p. 93).Existe en percaline grise, verte ou bleue.Le livre a été réédité en 2013 aux Éditions des Six coupeaux puis en 2016 par la BnF dans leur « Collection XIX ».Exemplaire superbe.
SKU : 9501461