RIVIERE (Henri) . Souvenirs de la Nouvelle-Calédonie .
650,00 €Prix
Paris, Calmann Lévy, 1881, in-8 (24 x 16 cm), percaline rouge, bords biseautés. Au premier plat noir et or, un franc-tireur debout avec un fusil et un clairon devant un indigène étendu mort, une hache à la main (p. 233). Au second plat, écusson aux initiales CL de l'éditeur, au dos titre en or, fer et filets noir, tr. dorées (Paul Souze, graveur), (4)-293-(3) pp. ¦L'insurrection canaque. D'abord paru dans La Nouvelle revue, 15 mars-1er mai 1880, puis en un volume in- 12 chez Calmann-Lévy la même année. Première édition illustrée in-8 et premier tirage des 45 vignettes de Jules FÉRAT dont 17 hors-texte et un portrait de l'auteur en frontispice. Marin et littérateur, Henri Rivière (1827-1883) entré à l'École Navale en 1 843, est lieutenant de vaisseau en 1856 et capitaine de frégate en 1870 (O'Reilly, Calédoniens, 2e éd., p. 340). A partir de 1860, il insère régulièrement des nouvelles dans des revues, qui sont ensuite publiées en volumes chez Hachette (Pierrot. Caïn, 1860) puis Michel Lévy, qui devient son éditeur attitré en 1862 (La Main coupée, 1862 ; La Possédée, 1863 ; Le Rajeunissement, 1865 ; Le Cacique, journal d'un marin, 1866, etc.). Il écrit plusieurs contes fantastiques (La Seconde vie du Dr Roger , 1863, réédité en 1969) et fait jouer quelques pièces de théâtre dont certaines tirées de ses récits (Monsieur Margerie, Vaudeville, 1875). Attaché à la division navale de la Nouvelle-Calédonie, il arrive à Nouméa en 1876. En 1878, lors d'un tour de l'î le, il apprend la nouvelle de la rébellion des Canaques, qu'il contrecarre avec l'aide de déportés, au prix de combats terribles. Ces épisodes sont l'objet de ses souvenirs. Il sera envoyé au Tonkin en 1882 et y périra dans une embuscade en 1883. Il fait l 'objet de plusieurs évocations biographiques. En 1897, une polémique éclate en France sur les conditions de sa mort. La révolte des Canaques de 1878, restée célèbre dans les annales historiques, a suscité divers témoignages, à l'époque des faits (Edmond P lauchut, "La Révolte des Canaques", Revue des Deux Mondes, 1878), mais aussi plus récemment, la question kanak étant redevenue d'actualité à l'occasion des revendications indépendantistes et du référendum organisé dans le pays. Citons notamment le témoig nage du soldat Michel Millet, Carnets de campagne en Nouvelle-Calédonie, document inédit publié seulement en 2004 précédé de La Guerre d'Ataï, récit kanak exprimant la position des rebelles, ou bien Jours de colère, jours d'Ataï. L'insurrection de 187 8 d'après les correspondances des pères maristes (dir. F. Bogliolo, J. Labarbe et L. Letierce, Nouméa, 2000). Plusieurs livres retracent l'histoire du conflit, dont La Grande révolte 1878 de Claude Cornet (2000). Cette affaire a également inspiré le rom ancier Didier Daeninckx, qui publie Cannibale (1998) puis Le Retour d'Ataï (2001). Ce corpus a été analysé par Monique Bonnaud-Weisz dans son étude "Récits de guerre, de l'histoire à la fiction. Le cas de la révolte de 1878" (dans Révoltes, conflits et guerres mondiales en Nouvelle-Calédonie et dans sa région, 2008). Elle écrit, à propos des acteurs de ce conflit violent : "S'agissant de faits de guerre les auteurs-témoins soulignent l'écart entre l'idée qu'ils se font de l'affrontement, perçu comme un combat glorieux qui relève plus de l'illusion que du vécu, et un quotidien déroutant qui révèle une autorité militaire incrédule, des troupes inadaptées au terrain et des populations civiles désorientées. Journalistes, missionnaires, officiers, soldats , tous sont pris au dépourvu par la tactique de harcèlement des insurgés et font état d'un désarroi identique face à la réalité de l'insurrection." A propos de Rivière, elle dit : "A la fois acteur, témoin et narrateur, le commandant Rivière est confronté dès le début de l'insurrection, à une situation de révolte que l'on qualifierait aujourd'hui de guérilla, situation à laquelle il ne s'attendait pas et qu'il maîtrise mal. Il affiche dans ses Souvenirs les certitudes et les convictions d'un homme de son siècle, bien que les premières pages du récit fassent état, parfois, d'un sentiment d'incrédulité, devant l'ampleur d'une révolte à laquelle il ne croit pas et la détermination de ceux qu'ils considèrent comme "des sauvages". Il est inconcevable pour lui que cette insurrection puisse être autre chose qu'un phénomène ponctuel et désorganisé". L'insurrection canaque est l'un de ces conflits "asymétriques" mettant aux prises des forces coloniales puissantes face à une rébellion de type guérilla, processus (t héorisé dès le XVIIIe siècle par Grandmaison sous le nom de "petite guerre") qui sera surtout d'actualité dans les années de décolonisation (1945-1975, guerre d'Indochine, guerre d'Algérie, guerre du Vietnam, guérillas d'Amérique du sud, etc.) Existe auss i en percaline verte. O'Reilly, Bibliogr. de Nouvelle-Calédonie, 254-255. O'Reilly, Calédoniens, 2e éd., p. 340.
SKU : 9500442