SALGARI (Emilio). Les Derniers flibustiers .
350,00 €Prix
Paris, Librairie Ch. Delagrave, [1910], gr. in-8 (29 x 20 cm), percaline bleue pétrole, bords biseautés. Au premier plat, or et polychrome, le Gascon Beauval suspendu aux pattes dun condor (scène p. 190 et ill. p. 191). Au second plat, paon à froid, dos orné des deux autres flibustiers luttant contre le condor femelle au sommet de larbre où ils se sont réfugiés (même scène et ill.), tr. dorées, 293-(3) pp. ¦Édition originale française illustrée de 20 compositions par Alberto Della Valle.Traduction de Gli ultimi flibustieri (1908) par J. Fargeau.Emilio Salgari (1911), le maître du roman daventures italien, na pas seulement évoqué lInde et le monde indo-malais (dans le cycle de Sandokan), lAfrique (A la Côte divoire, 1903) ou les Pôles (Au Pôle sud à bicyclette, 1906, PH 22/42777 ; Un défi au Pôle Nord, 1912). Il sest intéressé aux aventures de pirates et corsaires, thématique mise au premier plan par Robert Louis Stevenson et son Ile au trésor : « Avec Les Derniers Flibustiers, Salgari nous transporte cette année dans lAmérique Centrale, où nous assistons aux efforts dénergies victorieuses contre des obstacles et des périls naturels et humains, accumulés. » (Revue politique et littéraire: revue bleue, 1910, volume 48, p. 829).Salgari avait déjà mis en scène des aventuriers en Amérique centrale dans Le Corsaire noir (1898, trad. 1902, réédité chez Laffont dans la collection Bouquins en 2002 dans une édition de Matthieu Letourneux), qui contient aussi La Reine des Caraïbes (1901, trad. 1903). Ce nouveau roman (qui a été réédité en 2007 aux Editions La Découvrance, La Rochelle) est présenté en détail par le Polybiblion : « Les peu banales aventures des Derniers Flibustiers, que nous conte M. Emilio Salgari, feront la joie des jeunes gens de quatorze à seize ans. Ces flibustiers, mis en mouvement par un Gascon, un Français de la Basse-Loire et un Basque, doivent empêcher un certain marquis de Montélimar, grand seigneur au service de lEspagne, de frustrer une jeune fille, Mlle de Vintimille, dun immense héritage qui lui est échu. Or, il sagit daller chercher cet héritage en Amérique, dans une peuplade sauvage du Darien, à une époque que lauteur ne précise pas absolument, mais qui semble être la fin du XVIIe siècle. Lhistoire débute à Panama, par dassez jolis tours joués à leurs adversaires par nos trois compères. Mais laction sérieuse ne commence que lorsquils en arrivent à reprendre à M. de Montélimar la demoiselle de Vintimille, traîtreusement enlevée par les agents de ce personnage. Alors senchaînent, sans interruption, les plus dramatiques aventures : batailles des flibustiers avec les Espagnols, incendie dune ville ; fuite des trois amis, séparés de leurs compagnons à travers la forêt vierge; lutte contre un pithon énorme, puis contre des oiseaux de proie et aussi contre des soldats à leur poursuite et des anthropophages qui les traquent. On les voit enfin jetés dans une tempête épouvantable amenant une inondation qui les oblige à se réfugier sur un radeau de fortune, déjà occupé par un crocodile et deux jaguars, quils occisent. Et ce nest pas tout : leur terrible adversaire Montélimar se retrouve pour la troisième fois en leur présence, juste à lheure où le drame touche au dénouement ; et, à cette occasion, nous assistons à un duel dans des conditions rares, où le Gascon finit par avoir raison de son ennemi. Peu après, nos aventuriers retrouvent la petite armée des flibustiers avec laquelle ils se rendent dans la tribu darienne qui, ayant constaté lidentité de lhéritière de leur grand cacique, Mlle de Vintimille, livrent à celle-ci et à ses protecteurs la fabuleuse fortune. Il va de soi que la multimillionnaire se montre généreuse ; aussi les « derniers flibustiers » abandonnent-ils le « métier » et se décident-ils à retourner en leurs pays respectifs, sans doute pour, honnêtement, y planter leurs choux. Les gravures hors texte sont tout à fait artistiques et la reliure ne lest pas moins. » (Polybiblion : revue bibliographique universelle, 1910, p. 502).Limportance de Salgari, romancier daventures atypique, a été reconnue ces dernières années, et pas seulement en Italie. Ses personnages ont été réutilisés par le romancier Paco Ignacio Taibo II dans Le Retour des Tigres de Malaisie : plus anti-impérialistes que jamais, « avec la collaboration involontaire dEmilio Salgari » (Métailié, 2012). La vie du romancier a été adaptée en bandes dessinées par Paolo Bacilieri (La Vie rêvée du capitaine Salgari, Delcourt, 2013). Enfin, il a fait lobjet dun travail comparatif thématique, par Luca Di Gregorio, Wilderness et western : lOuest fictionnel chez Gustave Aimard et Emilio Salgari (Liège : Presses universitaires de Liège, 2014).En langue italienne, les études récentes sur Salgari se comptent par dizaine, chaque année, car le romancier est considéré au-delà des Alpes comme le « Jules Verne italien » et il y fait lobjet dune grande vénération. En français, on peut encore consulter le numéro que lui a consacré Le Rocambole n°21, en 2002.La couverture de la réédition de 2007 des Derniers flibustiers reprend le motif de celle de lédition originale, où lon suppose quun grand oiseau de proie peut supporter le poids dun homme. Il sagit un dun topoi classique du roman daventure, depuis Jules Verne (Les Enfants du capitaine Grant, où un condor enlève le jeune Robert dans ses serres) et Louis Boussenard (dans Le Tour du monde dun gamin de Paris, Friquet se fait enlever par deux condors harnachés) jusquà lalbum de Tintin Le Temple du soleil, où une scène similaire est observée.Bel exemplaire.
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