UJFALVY-BOURDON (Marie de). De Paris à Samarkand.

Le Ferghanah, le Kouldja et la Sibérie occidentale. Impressions de voyage d'une Parisienne. Paris, Hachette, 1880, in-4 (34 x 27 cm), demi-chagrin rouge, plats de percaline. Premier plat orné d'un décor noir et or représentant un trophée (bouclier portant un croissant, épée, sabre, fusil, poignard, pendus à des lances de style musulman), dans une réserve centrale en forme d'ogive de style oriental soutenue par deux colonnes, formant une porte d'entrée (projetant une ombre sur un mur à l'arrière-plan, imprimé en noir avec une seconde porte au fond), entouré d'un riche encadrement formé de motifs ogivaux, le titre dans le cartouche inf. Second plat identique, dos orné de motifs géométriques repris des plats, tr. dorées (A. Souze, graveur, Ch. Magnier, relieur), (8)-487-(1) pp. ¦Édition originale illustrée de 273 gravures sur bois par BARCLAY, E. BAYARD, BÉRARD, BLANCHARD, H. CATENACCI, H. CHAPUIS, H. CLERGET, DU PATY, DURAND-BRAGER, FERDINANDUS, P. KAUFFMANN, D. LANCELOT, MESNEL, E. METZMACHER, J. MOYNET, A. de NEUVILLE, RIOU , RONJAT, SABATIER, B. SCHMIDT, SEDOFF, SIROUY, SORRIEU, T. TAYLOR, E. THÉROND, E. VAUMORT, B. VERESCHAGUINE, G. VUILLIER, V. WASSNETZOFF, WUST, YAN'DARGENT et cinq cartes, portrait de l'auteur par E. RONJAT en frontispice. Première version parue en douze livraisons dans la revue Le Tour du monde, 1879 (Huret, La Revue Le Tour du Monde, 1860-1914, étude d'ensemble et tables, n° 602). Tout comme Jane et Marcel Dieulafoy par la suite (1884-85), Marie de Ujfalvy-Bourdon (née à Chartres en 1845) et son mari Charles-Eugène Ujfalvy (1842-1904) effectuent en couple leurs voyages d'exploration scientifique. Marie, comme Jane, seconde efficacement son mari dans ses missions comme rédactrice, et leurs relations de voyage paraissent en livraisons dans la revue L e Tour du monde, puis dans la collection in-4 d'Hachette qui les publie en magnifiques ouvrages aux reliures richement historiées (les ouvrages de Jane Dieulafoy y seront publiés en 1887 et 1888). Marie de Ujfalvy-Bourdon fait partie des voyageuses "pour qui le moins d'information est disponible et qui nous en disent le moins sur elles-mêmes", nous prévient Bénédicte Monicat, qui analyse longuement ses récits dans Itinéraires de l'écriture au féminin (1996), en la rapprochant de Carla Serena, autre voyageuse ayant parcouru les régions du Caucase et ayant publié ses relations dans Le Tour du monde (Huret, ibid., n° 683-687). "Dans son Dictionnaire des contemporains, Gustave Vapereau parle longuement de M. d'Ujfalvy, orientaliste de renom et note : "Sa femme [...], l'a accompagné dans ses voyages et a publié sur l'Asie d'intéressantes relations"." Il en va de même dans le Dictionnaire illustré des explorateurs français de Numa Broc, qui décrit en détail les itinéraires du couple et publie leur portrait. Ethnologue et linguiste d'origine hongroise, "Ch. Ujfalvy s'est fait connaître par des missions d'étude en Asie centrale russe, dans l'Himalaya occidental et le Karakoram. (...) en 1876, il est chargé par le ministère de l'Instruction publique d'une mission scientifique en Russie, en Sibérie et dans les nouvelles possessions russes du Turkestan qu'il doit examiner sous l'angle anthropologique, ethnographique, linguistique et archéologique". Dans Le Roman des voyageuses françaises (2007), Françoise Lapeyre décrit ce travail scientifique : "Chez les chercheurs comme lui qui cumulent les domaines de recherche, la collecte est une préoccupation de chaque instant : objets usuels, pièces historiques, échantillons de végétaux, de minéraux et d'animaux, données linguistiques et autres. Dans un ironique arrangement des rôles, l'épouse du scientifique se voit donc affectée à la récolte, comme la femme de la société agraire. Devant la diversité ethnique des régions explorées, les Ujfalvy vont se retrouver eux aussi à "mensurer" à tour de bras (...). La collecte d'objets hétéroclites ainsi rapportés sera montrée à l'Exposition universelle de Paris en 1878". Ce travail opiniâtre est récompensé : "Les récits de Marie de Ujfalvy-Bourdon sont d'une telle densité et d'une telle précision qu'ils justifient pleinement son admission à la Société de géographie. Voyageuse considérable, elle a fourni, par ses notes personnelles quotidiennes et le secrétariat qu'elle a assuré auprès de son mari, de quoi répondre aux besoins et aux exigences de la science". Monicat, Itinéraires de l'écriture au féminin : voyageuses du 19ème siècle (1996). Gorshenina, La Route de Samarcande (2000). Ueckmann, Frauen und Orientalismus (2001). Gorshenina, Explorateurs en Asie centrale (2003). Exemplaire superbe.